En 1950, Dubuffet se rend à Heidelberg pour visiter la collection Prinzhorn. Il passe deux jours, les 11 et 12 septembre 1950, à examiner – et jauger – quelque deux cents œuvres de l’ensemble conservé dans l’hôpital psychiatrique de l’université.
Juge impitoyable, il liste sur une feuille de papier les œuvres qu’il découvre en inscrivant, à côté de chacune, quelques commentaires laconiques et parfois acerbes. « Dessin avec grosse bête immonde. Médiocre », note-t-il à propos d’un dessin de Franz Karl Bühler figurant une bête étrange. « Pas très intéressant », griffonne-t-il en évoquant des compositions géométriques de Joseph Schneller. « Pas grand-chose », écrit-il au sujet d’un dessin d’August Natterer. Après la visite, Dubuffet témoigna à ses proches de sa déception. « Il y avait peu d’œuvres de réels artistes », raconta-t-il, en 1976, à l’historien d’art John M. MacGregor. Conçue par la commissaire Ingrid von Beyme, l’exposition « La liste de Dubuffet » montre que les jugements portés par le créateur de L’Hourloupe sur les œuvres de la collection Prinzhorn étaient nettement plus favorables qu’il ne l’avait alors laissé entendre. On dénombre, aux côtés des quelque cent vingt œuvres exposées sur les murs jaune bouton d’or de la salle d’exposition, de très nombreux commentaires positifs, voire élogieux, de Dubuffet reproduits sur de petits cartels. « Plusieurs dessins excellents », note-t-il à côté de feuilles iconoclastes d’Alois Dallmayr. « Nombreux dessins dont certains extrêmement intéressants. Certains prodigieux », observe-t-il à propos d’un cahier d’œuvres de Paul Goesch.
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Quand Dubuffet notait Prinzhorn
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Abonnez-vous dès 1 €Collection Prinzhorn, hôpital psychiatrique de l’université, Vosstrasse 2, 69115 Heidelberg (Allemagne), prinzhorn.ukl-hd.de
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°688 du 1 mars 2016, avec le titre suivant : Quand Dubuffet notait Prinzhorn