Profondeurs des regards

Yan Pei Ming (né en 1960 en Chine) peint à l’huile sur toile des visages identifiables. Oncle aveugle, Homme invisible (2000) présente un portait de son oncle devenu aveugle à l’âge de sept ans, accolé à un autre visage énigmatique. Les regards d’enfants peints par James Rielly (né au Pays de Galles en 1956) et par Claire Tabouret (née en France en 1981) partagent une même étrangeté. Pures introspections, regards en deçà ou au-delà du réel ? Mais qu’est le réel pour un enfant ? Aux limites de l’identifiable, Liegende (2013), une sculpture de Sara Masüger (née en 1978 en Suisse) évoque tout autant un corps qu’un sol tourmenté par on ne sait quelle puissance sismique. Les frères jumeaux Gert & Uwe Tobias (nés en Roumanie en 1973) proposent un visage réalisé à partir de motifs découpés dans de fines plaques de bois coloré. Beaucoup de fleurs (2003) une imposante huile, laque et feutre sur papier de Elly Strik (née aux Pays-Bas en 1961) joue sur les transparences en superposant un délicat voile de dentelle à une figure translucide au regard halluciné. La béance de la bouche de Laughing Woman (2008), une lithographie de David Lynch (né aux États-Unis en 1946), évoque-t-elle réellement un énorme rire ou un tragique hurlement ? Masque ou miroir, toute tentative de représentation du faciès humain au XXIe siècle est un pari qui vaut la peine d’être joué, cette exposition l’atteste vivement.