Prévieux s’approprie les formes

Julien Prévieux est de ceux-là. Quatorzième lauréat du prix Marcel Duchamp, son exposition à l’Espace 315 est tout entière fondée sur l’appropriation de différentes sortes de mouvements enregistrés, soit par ses propres soins pour ce qu’ils produisent un sens particulier, soit par la multitude des dispositifs mis en place par la société. Alors que Marey et Muybridge s’appliquaient à vouloir retranscrire tout simplement les phases d’un corps en déplacement, les progrès des technologies contemporaines permettent à Prévieux toutes sortes d’investigations qui se jouent d’analyses tant plastiques que sociologiques ou comportementales et débouchent sur l’instruction d’une esthétique singulière. Ses dessins, sculptures et films font la part belle à la notion de trait pour révéler tout un monde de formes inédites qui mettent en question nos faits et nos gestes. Qu’il capte le mouvement des regards qui balaient les cartes postales des œuvres du Musée national d’art moderne pour en déduire toutes sortes de figures graphiques ou qu’il récupère auprès de la police les déplacements d’un pickpocket pour les transformer en sculpture abstraite, il en va chaque fois de la même volonté d’informer des situations, des énergies ou des dynamiques pour les découvrir à notre regard. Ce que son film, Patterns of Life, illustre en mettant en exergue l’engagement du corps dans tous les actes du quotidien.