Précieux fils

Ils réalisent entre 1909 et 1926 une frise brodée longue de 24 m, dans le genre de la célèbre tapisserie de Bayeux, exécutée au XIe siècle. Paul (1880-1917), le concepteur, choisit l’iconographie et le style en composant les motifs. Pour le sujet, il s’appuie sur un manuscrit du XVIIIe siècle décrivant vingt-huit tapisseries de la Renaissance, sur le thème du Précieux-Sang, offertes par l’abbé Antoine Boyer à l’abbaye de Fécamp, disparues malheureusement à la Révolution (manuscrit 5-4025, bibliothèque de Montivilliers). Suzanne (1884-1950), l’exécutrice, est la brodeuse. Elle poursuivra le travail après la disparition prématurée de son époux en 1917. Quant aux textes en latin, ils sont l’œuvre de deux érudits, Étienne Millot, conservateur de la bibliothèque du Havre, et Augustin Martin, féru d’histoire locale.

La broderie, qui comporte trente-deux scènes, reprend la légende médiévale du Précieux-Sang. Elle raconte qu’à la mort du Christ, Nicodème aurait recueilli le sang séché autour de ses plaies. Au moment d’expirer, il l’aurait transmis à son fils Isaac qui l’aurait caché dans un figuier avant de devoir le mettre à la mer pour le sauver. La légende fait échouer le figuier à Fécamp. À l’occasion du mille centième anniversaire de la Normandie, le Musée des terre-neuvas & de la pêche de Fécamp permet au public de découvrir cette broderie magistrale.