ZURICH / SUISSE
Bénéfique ou maléfique, le miroir est le médium de la conscience du moi et l’oracle de la fugacité. Objet universel de culte et de magie, il accompagne au quotidien l’humanité et lui renvoie ses vérités et ses frivolités.
Les quatre œuvres réunies au début de cette exposition, un marbre classique de Narcisse, ce dernier penché au-dessus de l’onde sur une gravure du XIVe siècle, un tableau de Segantini et une vidéo de Bill Viola, servent de préambule à un labyrinthe traversant le temps et les cultures et en résument les arcanes. Les thèmes qui évoquent les multiples pouvoirs du miroir sont abordés avec un grand souci d’originalité et d’exhaustivité. Recherchées avec soin, présentées avec une sobriété qui les met en valeur, les pièces souvent magnifiques servent parfaitement le propos et sollicitent la curiosité du visiteur par des découvertes insolites proposées à répétition. On est à la fois regardeur devant le disque d’obsidienne et voyeur pris par les jeux de glace. Tant de domaines auxquels on ne pense pas sont traités ici. Mais une telle profusion déroute et réduit la rigueur de la démonstration. Une sélection plus serrée l’aurait renforcée. Pour chaque sujet, quelques objets suffiraient à expliciter les messages que véhicule cette surface sorcière. Un miroir en bronze étrusque, une estampe de geisha devant son face-à-main, l’extrait du film d’Orson Welles en disent assez. À côté des autres vanités, la photo d’un crâne sur support Diasec de Gerhard Richter semble bien pâle.
Musée Rietberg, Gablerstrasse 15, Zurich, (Suisse), www.rietberg.ch
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Pouvoirs du miroir