En point d’orgue à la première Biennale des images du monde, photographes et commissaires non occidentaux livrent une moisson d’images exposées le long de la Seine.
Si Photoquai se glisse dans l’alternance du Mois de la Photo, il n’en partage probablement que
le médium. Et encore, la Biennale ne dédaigne ni vidéos, ni tirages hérétiques. Pour le reste, cette première édition se charge d’orienter activement son propos et ses méthodes. Qui regarde, qui choisit et qui expose ? Mise en route à l’initiative du Quai Branly et chapeautée par Jean-Loup Pivin, la manifestation règle largement son propos sur ceux du jeune musée et du fondateur de la Revue Noire.
Un regard autre
Soucieuse de bousculer la représentation du monde extra-européen, la Biennale se donne les moyens de ses ambitions. L’exposition flirte avec le parcours dans la ville, le long de la Seine et du quai Branly et, au-dessus de la Seine avec la passerelle Debilly. Dispersée comme autant de sédiments sur les berges hautes du quai Branly, une série de petits habitacles signés Patrick Jouin abrite les images de plus de soixante-dix photographes.
Sans universalisme à tous crins et en prenant soin de limiter le point de vue occidental, ce sont bien les zones géographiques associées au musée qui sont à l’honneur. Et à plus d’un titre : en guise de passeurs, l’équipe française s’est octroyé le regard et les compétences de commissaires non occidentaux. Brésil, Madagascar, Inde, Russie, Nouvelle-Zélande, Caraïbes, des correspondants d’un genre nouveau ont donc transmis les images – tous supports et médiums confondus – d’artistes repérés dans leurs propres pays. Résultat : la sélection règle son compte au syndrome Benetton comme aux exotismes de tout poil et tente de prendre congé des scènes de guerre ou de misère attendues par l’Occident.
Souvent inconnus en Europe, les photographes exposés le long de la Seine s’interrogent pour beaucoup sur l’équation mémoire, traditions, contemporanéité. En résultent des images qui imposent un trouble équilibre d’altérité brute et de familiarité. Des images qui résistent bien sûr à une lecture homogène, mais dont les inflexions oniriques et les factures poétiques témoignent d’univers prononcés et bien souvent narratifs. Bref, de la photographie qui s’affirme comme telle et rappelle si besoin était l’inflation du médium photographique dans la construction de la perception de l’autre.
« Photoquai », du 30 octobre au 25 novembre. Directeur artistique”‰: Jean-Loup Pivin. www.photoquai.fr
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Pour Photoquai, la Seine charrie son lot de surprises
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°596 du 1 novembre 2007, avec le titre suivant : Pour Photoquai, la Seine charrie son lot de surprises