Pour adultes

Los Angeles : cité des anges, capitale mondiale du cinéma et des séries télé, machine à rêves, ciel bleu et jolies filles. Sea, sex and sun. Arrêtons les clichés, Los Angeles est aussi une ville décérébrée, tentaculaire, sans réelle structure urbaine, sociale ou morale, une ville d’excès que nous livre pour la première fois en France le photographe américain Jeff Burton, avec la timidité et la bonne éducation qui le caractérisent. Rien de trash, de violent ou de ridicule dans les images léchées de ce Texan californien. Les photographies de tournages pornos (sur lesquels il est également photographe de plateau), de quartiers tranquilles sans intérêt, de villas luxueuses de mauvais goût et de l’envers de la célébrité constituent, tout en évitant les clichés habituels, l’étrange making-off de cette usine à fantasmes qu’est L.A. Aussi ne soyez pas étonnés de voir la photographie d’un panda gonflable en lévitation ou d’un paysage délaissé au milieu de scènes de films pour adultes. Un bout de fesse, un attroupement suggestif, des garçons musclés et des filles siliconées en pleine activité peuplent des compositions fragmentaires qui donnent au spectateur la sensation d’être une petite souris au milieu d’une prise. Le décadrage outré et l’éclatement de la composition rejettent toute idée de narration mais renforcent la sensation d’être un voyeur furtif. La frustration est inversement proportionnelle à ce que Burton veut bien nous montrer : on est loin des expériences extrêmes de certains photographes et d’une exhibition violente. C’est du porno, mais on n’y voit rien. La vacuité de certaines journées moites et trop lumineuses, laborieuses et banales, transpire. Ce L.A. là n’a rien d’un paradis, il est juste d’un ennui mortel.