Ports d’antan

Décrits par Baudelaire dans son Spleen de Paris, peints par les impressionnistes, chantés par
Jacques Brel, les ports maritimes sont des lieux magiques et poétiques. Pour les célébrer, le Musée national des douanes de Bordeaux expose une vingtaine de photographies en noir et blanc – on regrette de ne pas en voir d’avantage – datées de 1880 à 1965, qui prennent pour objet des ports du monde entier. De New York à Alger, de Saigon à Marseille, du Havre à Port-Saïd, le visiteur parcourt quelques-uns des plus beaux ports où accostèrent des navires aussi mythiques que le Normandie, le France ou La Marseillaise.
Appartenant toutes au fonds de French Lines, une association qui a pour objet la mise en valeur du patrimoine des compagnies maritimes françaises, les photographies exposées ont pour la plupart été réalisées dans un but documentaire ou publicitaire, par de simples techniciens. Pourtant, elles peuvent être considérées aujourd’hui comme de véritables œuvres d’art, un hymne à la beauté de ces lieux.
Avec Vue du Port Saïd, réalisée en 1880 par le photographe et éditeur français Hippolyte Arnoux, le Départ de La Marseillaise à Marseille (1950) par René Simon est l’une des plus belles œuvres de l’exposition. Situé au milieu des passants qui regardent La Marseillaise quitter le port, le photographe immortalise deux femmes qui, restées à quai, font leurs adieux d’un geste de la main au paquebot. Empreinte de nostalgie et de tendresse, cette photographie exprime si bien ce « plaisir mystérieux » dont parle Baudelaire, que l’on ressent devant un navire qui s’enfonce dans les flots, et devant le spectacle « de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s’enrichir ».