Femmes fatales, femmes affranchies, les portraits séduisants et ambivalents de Gerda Wegener (1885-1940) incarnent avec autant d’esprit que d’ironie la « Femme nouvelle », sexe-symbole de l’émancipation féminine des années 20 et 30. Ceux, consacrés aux garçonnes, figures mythiques des Années folles, font de cette Danoise fine psychologue, active à Paris entre 1912 et 1938, l’une des artistes les plus téméraires parmi les maîtres du genre, de Jean-Gabriel Domergue à Tamara de Lempicka. L’époux de Gerda Wegener, célèbre transsexuel connu sous le nom d’emprunt de Lili Elbe à partir de 1930, sera son modèle préféré, tant pour les portraits que pour la représentation du nu féminin, vu de face comme de dos. L’effigie à la fois audacieuse et sensible de sa fidèle égérie souligne la complicité d’un couple dont les idées pionnières n’auront cesse de défrayer la chronique dans le milieu cosmopolite de Montparnasse, épicentre de la modernité et de l’avant-garde à tous égards. Les tableaux et aquarelles rehaussés parfois d’or et d’argent de Wegener reflètent d’emblée une image idéalisée de la femme-objet au charme et à l’élégance inégalables, vêtue d’une robe du dernier cri, parée du chapeau à la mode et d’un collier de perles fines, l’éventail, le fume-cigarette ambré ou une lettre d’amour entre les mains gantées de noir. Une mondaine ultra féminine superficielle, en apparence seulement. L’œuvre de Gerda Wegener renvoie plus profondément à la question fondamentale de la quête identitaire et à sa représentation.
PARIS, Maison du Danemark, jusqu’au 5 mars, cat. 34 p.
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Portraits de femmes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°514 du 1 mars 2000, avec le titre suivant : Portraits de femmes