MARTIGNY - Selon les nouvelles volontés affichées par Alain Seban, son président, le Centre Pompidou s’exporte à l’international, poursuivant une « politique de marque » inaugurée par l’antenne de Metz et le Centre Pompidou mobile.
Une soixantaine de tableaux et sculptures, de Matisse à Bacon, sont donc réunis autour de la notion de portrait et des grandes problématiques qu’elle sous-tend : « Il s’agit de montrer comment le genre du portrait survit à la photographie, à la fin du portrait officiel, au défi de la modernité », explique Jean-Michel Bouhours, commissaire de l’exposition.
Le parcours est formé de cinq modules thématiques, tels des « Mystères d’une âme » à relier aux avancées psychanalytiques. Les fauves et les expressionnistes s’attachent alors à la représentation de la subjectivité de l’individu. Ainsi Chaïm Soutine, avec son célèbre Groom (1925) déformé et nerveux, côtoie un portrait de Pierre-Jean Jouve (1909) exécuté par Henri Le Fauconnier et très rarement exposé au Centre Pompidou. Jouve, écrivain passionné de psychanalyse teintée de mysticisme, est représenté dans un cadrage original, qui emprunte au cubisme ses cernes sombres et sa palette chromatique réduite. Le regard de l’homme porté sur le visiteur et sa posture rentrée incitent au questionnement. Accrochées côte à côte, les deux œuvres résonnent de belle manière et illustrent l’intérêt majeur d’une telle exposition : jeter un autre regard sur les collections du Musée national d’art moderne sous le filtre thématique, et mettre en lumière des œuvres moins connues aux côtés des valeurs sûres.
Mi-masque mi-portrait
Plus loin, dans la section « Autoportraits », Kees van Dongen se représente au tout début de sa carrière : grande ombre bleutée à contre-jour, le peintre en devenir est assuré, puissant. La partie intitulée « Chaos et désordres ou l’impossible permanence de l’être » est sans doute la plus intéressante, convoquant la peinture torturée de Georg Baselitz ou de Francis Bacon. Y figure aussi un inquiétant Autoportrait d’Herbert Boeckl (1948), « à moitié un masque et à moitié un portrait, macabre et grinçant, souriant et désespéré à la fois » pour l’académicien et essayiste Jean Clair, qui en signe la notice dans le catalogue d’exposition. On pourrait encore souligner la présence de Picasso, Matisse, Calder et Brancusi. La liste est prestigieuse, presque vertigineuse. L’accrochage très subtil évite cependant l’écueil du défilé de grands noms, et offre quelques belles (re)découvertes
Jusqu’au 24 juin, Fondation Pierre Gianadda, rue du Forum 59, Martigny, Suisse, tél. 41 27 722 39 78, www.gianadda.ch, tlj 10h-18h. Catalogue, 188 p., 37,50 €, ISBN 978-2-88443-139-2.
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Pompidou chez Gianadda
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- Commissaire d’exposition : Jean-Michel Bouhours, conservateur au Musée national d’art moderne, Paris
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°367 du 13 avril 2012, avec le titre suivant : Pompidou chez Gianadda