Résultat de recherches minutieuses et savantes, l’exposition Charles Poerson permet de redécouvrir celui qui fut l’assistant de Vouet puis le successeur de Le Brun à la direction de l’Académie royale de peinture. Une cinquantaine de tableaux, dessins, gravures et tapisseries restituent l’œuvre d’un artiste classique méconnu.
METZ - Les historiens de l’art agissent à la manière d’archéologues. Ils redécouvrent, ressuscitent et réhabilitent des noms et des œuvres tombés dans l’oubli. Parmi leurs plus beaux succès, figurent Piero della Francesca, Vermeer et Georges de La Tour. Avec ce dernier, Charles Poerson possède quelques affinités. Né en Lorraine vers 1609, il se forme d’abord auprès de Claude Dogoz à Vic-sur-Seille – patrie du Maître des nuits –, part peut-être en Italie, quoique cela reste très incertain, puis connaît la renommée à Paris avant d’être oublié, dès sa mort, en 1667. Les destins des deux Lorrains se rejoignent à nouveau aujourd’hui : à l’aide d’archives et de recoupements stylistiques, conservateurs et érudits tentent de recomposer le corpus et la chronologie de leur œuvre.
Les petites huiles sur cuivre et sur bois, les toiles, dessins, gravures et tapisseries rassemblés à Metz révèlent un artiste aux talents variés. En raison d’une commande diversifiée – décors d’hôtels particuliers, appartements d’Anne d’Autriche, peintures d’autels –, les sujets religieux alternent avec les thèmes mythologiques et historiques. Pilastres, colonnes et sarcophages ponctuent aussi bien les Annonciation ou les Nativité de Poerson que sa représentation du jeune Louis XIV en Jupiter. Cet usage du vocabulaire antique n’est cependant qu’une des manifestations classicisantes de l’assistant de Vouet. L’extrême lisibilité des scènes dénote également l’influence du maître parisien et celle de Poussin. Les coloris sont vifs et lumineux ; aucun visage, aucun geste ne se dérobe dans l’ombre. Le dessin définit chaque forme avec précision. La narration est servie par une rhétorique des expressions très prononcée. Architectures et draperies donnent une majesté théâtrale aux compositions. Pourtant, l’exemple le plus abouti de cette manière – la Prédication de saint Pierre, malheureusement absente de l’exposition – n’atteint jamais l’ampleur spatiale ni le souffle dynamique des tableaux de Vouet.
Si cette rétrospective ne révèle pas un peintre génial, elle devrait néanmoins permettre de redécouvrir un talent authentique. Et de mieux évaluer le rôle de l’atelier de Vouet dans la mise au point du “style français”. Première monographie consacrée à Charles Poerson, le catalogue raisonné complète utilement l’exposition de Metz, qui ne présente que la moitié des 115 œuvres attribuées à l’artiste.
CHARLES POERSON, jusqu’au 21 février 1998, Musées de la Cour d’Or, 2 rue du Haut Poirier, 57000 Metz, tél. 03 87 75 10 18, internet http:// www. mairie-metz.fr:8080. Tlj 10h-12h, 14h-18h. Entrée 30 F, TR 22 F, gratuit les mercredi et dimanche matin. Catalogue raisonné édité par Arthena, 380 F.
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Poerson ressuscité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°49 du 5 décembre 1997, avec le titre suivant : Poerson ressuscité