Poèmes muraux

Seuls demeuraient quelques fragments de papiers peints sur les murs, dont certains qui dataient des années 1760. Consciente de la valeur esthétique et historique de ces fragments, Helen Bieri Thomson, la commissaire de l’exposition, eut l’idée de les présenter, avec d’autres papiers provenant de résidences suisses, pour retracer l’histoire de cet élément de décor trop souvent négligé. « Les papiers peints permettent d’apprendre de façon ludique sur l’histoire d’un bâtiment, puisqu’ils sont révélateurs du goût des propriétaires, de la mode de l’époque, de la fonction du bâtiment, aussi bien que de l’évolution des techniques. »

Apparue en Angleterre à la fin du XVIIe siècle, l’industrie du papier peint atteint son apogée en France à partir des années 1780.  En l’espace de dix ans, plus de quarante manufactures s’installent à Paris. L’une des plus connues, la manufacture royale parisienne Réveillon, dont quelques créations sont présentées, met les motifs antiques au goût du jour, notamment celui dit « en arabesque ». Au début du xixe siècle, les premiers panoramiques voient le jour. Ils présentent sur les quatre murs d’une pièce des destinations considérées à l’époque comme étant exotiques, parmi lesquels des paysages romantiques de Suisse (« Grande Helvétie » et « Petite Helvétie » de la firme Zuber). 

Présenté sous forme de rouleaux au milieu du XIXe, le papier peint se démocratise et les motifs se multiplient, en fonction des modes, des ambiances, de la fonction des pièces. Support idéal et original, ce médium inspire depuis quelques années les plus grands artistes qui y voient un formidable espace de création. Le papier peint a le vent en poupe en Suisse : au même moment s’ouvre au Mudac de Lausanne une exposition dédiée exclusivement aux papiers peints contemporains.