BRUXELLES / BELGIQUE
Loin de faire l’unanimité, le projet de Kanal - Centre Pompidou, à Bruxelles, n’en finit pas de faire grincer les dents dans le monde culturel belge.
Les travaux de ce qui ambitionne de devenir le futur Musée d’art contemporain vont cependant bien être lancés en octobre. En attendant, l’équipe française a décidé de laisser carte blanche à l’artiste suisse John Armleder pour investir une partie du bâtiment, à savoir les plateaux qui servirent autrefois de showrooms à Citroën. Il faut bien reconnaître à Armleder un certain talent dans cet exercice d’occupation de l’espace. Preuve aussi une fois encore que les anciennes usines Citroën ont une âme puissante, même si l’effet risque de s’essouffler avec le temps. Pour l’heure, l’artiste suisse a décidé d’exploiter et de détourner le programme de monstration des anciens showrooms au profit des œuvres d’art. Sur cinq niveaux, Armleder investit l’espace avec, d’un côté, les œuvres d’artistes invités et, de l’autre, une intervention monumentale avec ses propres œuvres. C’est ainsi qu’on gravit un immense échaffaudage, qu’on traverse une forêt de sapins renversés, qu’on déambule autour d’immenses boules à facettes, qu’on tourne autour d’étagères remplies d’objets abandonnés et presque d’un autre temps, qu’on est ébloui par une pyramide de néons posés au sol… Le parcours immerge le visiteur dans des ambiances d’or et de lumières, spectaculaires et un brin hallucinatoires. Les invitations faites à plus de 50 artistes, du tapis rouge de Maurizio Cattelan aux objets minuscules de Christian Marclay, en passant par les films mystérieux d’Isabelle Cornaro, prolongent l’effet de féerie… et peut-être de vanité ?
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°738 du 1 novembre 2020, avec le titre suivant : Pleins feux sur le Kanal