Picasso virtuose

La Suite Vollard est constituée de cent eaux-fortes et porte le nom de son éditeur, Antoine Vollard, qui fut le plus grand de son époque. Réalisées par Picasso entre 1930 et 1937, ces gravures superbement scénographiées dans l’espace muséal se présentent sous la forme de six cycles titrés par l’artiste : Libres, Viol, Rembrandt, L’atelier du sculpteur (série la plus représentée avec quarante-six planches) et Le Minotaure aveugle. Une dernière création, le Portrait de Vollard, complète la Suite. Une partie de ces œuvres était destinée à illustrer un texte du poète André Suarès – Picasso a contribué au renouveau de cette discipline en participant à la création de plus de cent cinquante titres – mais la mort prématurée de Vollard a stoppé le projet et empêché leur publication.

Les voici aujourd’hui dans leur globalité : contempler ces eaux-fortes est un moment privilégié. L’artiste y libère toute sa virtuosité par les techniques de l’eau-forte et de la pointe sèche qui permettent une subtilité et une précision du trait sans équivalent.

Les diverses thématiques qui y sont abordées tournent toutes autour du thème principal : le dialogue amoureux entre le peintre et son modèle. Les années 1930 sont la période la plus érotique de l’œuvre de Picasso, c’est l’époque de sa liaison passionnée avec Marie-Thérèse Walter alors qu’il est encore l’époux d’Olga. Ce journal gravé du dieu Picasso nous apprend qu’il est avant tout un homme avec ses désirs qui répondent aux nôtres. Et il fait naître des émotions dans le cœur de celui qui regarde.