Quoiqu’elles soient bien peu gracieuses, elles courent sur la plage d’une façon paradoxalement aérienne, se tenant par la main, bras tendus, têtes renversées, envahissant de leurs formes rondes et outrées le tableau dont le fond paysager n’est qu’un décor de dunes et de ciel bleu. Intitulé Deux femmes courant sur la plage, le tableau de Picasso daté de 1922 est mondialement connu. Sa façon ingresque, qui cultive une manière post-néoclassique, paraît comme un démenti de toutes les recherches cubistes menées par le peintre au cours des années précédentes. On ne sait généralement pas que cette peinture appartient à un ensemble d’œuvres exécutées par l’artiste à Dinard dans les années 20. Captivé par la lumière de la Manche, il y séjourna à trois reprises en compagnie de sa femme Olga, auquel s’ajoute bientôt son fils Paulo, pendant les étés 1922, 1928 et 1929. Comme à son habitude, Picasso n’arrête pas de travailler, prenant très vite possession des lieux où il s’installe. Si le premier séjour est riche de variations en tous genres marquées par ce retour de veine classique, les œuvres des deux autres supportent toutes sortes de transformations. D’une part, il y a la rencontre clandestine avec Marie-Thérèse Walter pour qui il quitte Olga en 1935 ; de l’autre, il y a comme un effet de mode d’un surréalisme désarticulé qui l’entraîne à la composition d’étranges figures angulaires. Le Dinard que Picasso connaît est celui d’une station balnéaire en vogue, qui est fréquentée par le beau monde. Picasso y est à son aise, et son art y trouve les conditions favorables à nombre de rebondissements comme en témoigne cette exposition, la première de cette importance consacrée à Picasso dans l’ouest de la France.
DINARD, Palais des Arts, jusqu’au 19 septembre.
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Picasso à la plage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Picasso à la plage