200 œuvres et objets conservés dans la collection de l’artiste et transmises à Jacqueline se déploient au Fonds Leclerc.
Landerneau (Finistère). 1964. Portrait de Jacqueline. La compagne de Picasso est assise. Son regard se dirige hors cadre et n’engage aucun dialogue avec le spectateur. Comme absente, elle est dans son univers, univers dans lequel l’a placée le peintre. Notre œil, qui scrute ce tableau de taille imposante, descend progressivement pour se heurter à un autre personnage – debout ou allongé – sur les genoux de la femme : un chat d’un noir d’encre, presque un monochrome animal. Ses yeux, dotés d’énormes pupilles, nous fixent et ne nous lâchent pas. Un être maléfique ou un rappel de l’Olympia de Manet ? Manet, dont les échos lointains du Déjeuner sur l’herbe ont inspiré quelques toiles exposées à Landernau.
Cependant, le parcours montre d’autres pans de l’artiste espagnol. Certes, il ne s’agit pas de rétrospective, car les œuvres proviennent de la collection de Catherine Hutin, la fille de Jacqueline Picasso. Comme toute collection, elle affiche des manques – les périodes rose et bleue, les collages – qu’elle rattrape avec la production du peintre à partir des années 1950 : portraits, ateliers, minotaures, dialogue avec les « maîtres »… Mais ce sont surtout les dernières années qui restent époustouflantes. Quelque chose de grave, voire de tragique, traverse les visages de ces personnages, marqués et déformés par le temps (Homme à la flûte et enfant, 1971 ; Homme à la pipe, 1971). Picasso devient plus encore inclassable, éclectique, sauvage – libre, en un mot. Le spectateur, lui, ressort bouleversé.
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Picasso et la femme-siège
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°485 du 22 septembre 2017, avec le titre suivant : Picasso et la femme-siège