Picasso, du portrait-charge à l’autoportrait

Sous le titre « Retrats », le Musée Picasso de Barcelone, lieu de naissance du peintre espagnol, propose des portraits de tous les styles et toutes les périodes.

Si la manifestation manque un peu de chefs-d’œuvre, elle met en valeur des pièces moins souvent vues. Ainsi des caricatures, ces portraits-charge qui montrent à la fois la précocité de Picasso et sa capacité à saisir en quelques traits l’essentiel de la physionomie de son modèle (Ramon Pichot, 1900).

Viennent ensuite des  autoportraits, dont l’étonnant Autoportrait en perruque (1900), une mise en scène théâtrale inhabituelle pour son auteur. Selon la commissaire, Elizabeth Cowling, la récente exposition à Barcelone « Yo, Picasso » (2013) explique la petitesse de cette section. Le parcours qui suit, à la fois thématique et chronologique, met en scène un artiste refusant d’être enfermé dans un style, même ceux qu’il invente lui-même. Un exemple frappant est la confrontation entre le célèbre portrait cubiste de son marchand, Daniel-Henry Kahnweiler (1910), et celui, parfaitement classique, d’Olga, mentionné plus haut. Sont abordés tour à tour : Picasso et la photographie, Picasso et le primitivisme ou encore Picasso et les maîtres anciens – ce dialogue « échangiste » avec ses illustres prédécesseurs. Mais d’un seul coup, tout s’efface. Le visage défait du Vieil homme assis (1971) nous fait face et ne nous lâche plus. L’artiste meurt en 1973. Est-ce vraiment le portrait d’un autre ?