Dans la capitale du Cambodge, le festival de photographie cornaqué par l’Institut français du Cambodge avec Christian Caujolle, le directeur artistique de l’événement, donne un joli coup de pouce à la scène nationale.
PhotoPhnomPenh sera-t-il un jour inscrit dans l’agenda des amateurs de photographie aux côtés d’Arles, de Bamako ou de Photo España ? Le festival en prend en tout cas la direction. Né il y a quatre éditions du désir de deux hommes, le photographe cambodgien Mak Remissa et l’ancien attaché culturel du CCF [ancien Institut] de Phnom Penh Alain Arnaudet, de remettre le pays sur la selle de la photographie, il s’installe petit à petit sur l’échiquier international de l’image fixe. En même temps que sur un échiquier national encore balbutiant. Car l’ambition du festival se situe d’abord ici, au Cambodge, en se donnant pour mission d’éveiller les Cambodgiens à la photographie. Et, sous la houlette de son directeur artistique, le commissaire français Christian Caujolle, force est de constater que cela fonctionne.
Sovan Philong (né en 1986), photographe professionnel depuis environ trois ans, d’abord pour le Phnom Penh Post (rare quotidien du pays à intégrer de l’image, parfois de manière étonnante) et maintenant pour l’agence chinoise Xinhua, a déjà été vu quai Branly à Paris, dans le cadre du festival Photoquai en 2011. Un modèle pour Hong Menea (né en 1990), son élève, qui lui emboîte le pas et qui, pour sa première exposition à PhotoPhnomPenh, a proposé un portrait amusé de la capitale, sa circulation anarchique et ses « acrobates » imprudents perchés sur leurs deux-roues ou sur des camions transportant d’improbables charges. Huot Channa (né en 1980) photographie lui aussi la ville. Architecte de métier, il montre une cité désertée, photographiée de nuit, qui renvoie à la douloureuse époque des Khmers rouges où Phnom Penh avait été vidée de ses habitants, mais une ville où les lumières sont allumées, prête à se réveiller…
D’autres s’intéressent au genre du portrait, comme Chhay Kanha et Touch Yin Vannith, jeunes femmes nées en 1984 et 1990, avec beaucoup de maladresse mais au moins autant de tendresse. C’est cependant Khvay Samnang que le festival PhotoPhnomPenh aura révélé en 2011. Professeur de dessin né en 1982, il a portraituré ses voisins de « building », qui refusaient de montrer leur visage, un masque sur la tête. Réflexion sur l’identité dans un pays amnésique, cette série apporte en même temps un touchant témoignage sur les conditions de vie dans le Cambodge d’aujourd’hui. Un document qu’il serait étonnant de ne pas voir bientôt exposé en Europe…
Festival en danger”‰? Réduit par quatre depuis cinq ans, le budget alloué à l’Institut français de Phnom Penh vient d’être de nouveau amputé par l’Institut français de Paris. Si certaines manifestations du programme annuel ont dû être supprimées, PhotoPhnomPenh a, par chance, été reconduit en 2012, mais avec un budget sérieusement réduit. « Il va falloir trouver des financements », s’inquiétait en novembre Olivier Planchon, l’actuel attaché culturel français au Cambodge, qui a réaffirmé en même temps son attachement au festival. Mais dans un pays où le mécénat n’existe pas, la tâche s’annonce difficile…
www.institutfrancais-cambodge.com
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PhotoPhnomPenh : petit festival devient grand
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°643 du 1 février 2012, avec le titre suivant : PhotoPhnomPenh : petit festival devient grand