Membre de l’agence Magnum depuis 1965, David Hurn est également collectionneur. Comme certains de ses confrères, il pratique l’échange de tirages et a réuni un ensemble original qui échappe aux critères des conservateurs. Même s’il possède des œuvres symboliques des moments forts de l’histoire du médium et de grands photographes, il a choisi les images avant tout pour leur impact visuel.
LONDRES (de notre correspondant) - À l’exception de quelques pièces, comme un Julia Margaret Cameron (1930) acheté pour la modique somme de six pence à Portobello Road, David Hurn a constitué presque toute sa collection par le “troc”, échangeant les épreuves qu’il désirait contre les siennes. “Quand je vois une image qui me plaît, je la note toujours dans un petit cahier. Je constitue ainsi une sorte de liste des pièces à acheter. Lorsque je rencontre un photographe comme Bruce Gilden, par exemple, je lui dis : J’ai toujours désiré avoir une de vos photographies et je veux celle-ci. Là, vous avez déjà fait la moitié du chemin. Les gens répondent favorablement lorsqu’on leur prouve l’authenticité de l’intérêt qu’on leur porte en choisissant une de leurs œuvres”.
Avec Don McCullin, John Bulmer, Terence Donovan, Ian Berry ou Philip Jones Griffiths, David Hurn fait partie d’une génération où les photographes se rencontraient, collaboraient et échangeaient leurs idées. “J’ai plusieurs fois rencontré Diane Arbus grâce à Leonard Freed, un photographe qui habitait dans le même immeuble qu’elle”, se souvient-il. Tous les ans à Noël, Josef Kudelka continue de lui envoyer des photographies. Quand il a quitté la Tchécoslovaquie pour passer à l’Ouest, emportant avec lui des centaines de films non développés, il s’est installé dans l’appartement de Hurn et a travaillé dans son “labo” à Bayswater, où il est resté pendant des années.
La collection de David Hurn s’est développée. Son importance n’a pas échappé aux yeux des connaisseurs, ce qui a permis d’influencer certaines institutions qui, autrement, n’auraient pas aussi facilement accepté les échanges. À ses débuts, les collectionneurs de photographies étaient tellement peu nombreux que ses confrères, flattés de l’intérêt qu’il leur témoignait, étaient heureux de faire ce “troc”.
Outre les grands noms, l’exposition présente des jeunes artistes et des photographes jusqu’ici négligés. Le choix d’images moins connues ou de sujets incongrus est délibérément fantasque, relevant d’un sens de l’humour et d’un esprit ironique qui sont le privilège d’un collectionneur privé, libre de ses choix personnels. La photographie de Cecil Beaton de l’entrée d’un cinéma américain, où la caissière est en train de rire, est spectaculaire et très différente de ses mises en scène habituelles. Une liberté qui fait de cette exposition une véritable leçon sur l’art de collectionner la photographie.
Jusqu’au 29 novembre, Royal Photographic Society, Octagon Galleries, Milsom Street, Bath, tél. 44 122 546 28 41, tlj 9h30-17h30.
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Photographe et collectionneur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°71 du 20 novembre 1998, avec le titre suivant : Photographe et collectionneur