Au mois de juin, professionnels et amateurs du monde entier se donnent désormais rendez-vous à Madrid, déclarée nouvelle capitale estivale de l’image, pour une grande fête de la photo dont le programme est chaque année plus ambitieux.
Une décennie d’existence et une déclaration d’intention
Dix ans est un âge charnière dans la vie d’un festival, celui de la maturité, lorsqu’il faut affirmer ses choix, son identité, ne plus tâtonner… Et du caractère, PhotoEspaña n’en manque pas !
Les quatre grandes rétrospectives de l’édition 2007 de PhotoEspaña auraient valu à elles seules le déplacement. Lisez plutôt : Man Ray, Andres Serrano, Sylvia Plachy, Zhang Huan. Mais voilà, ce serait oublier le formidable appétit du festival madrilène qui programme cette année, en prime, des expositions individuelles de Raymond Depardon, Sebastião Salgado, Lourdes Grobet, Bruce Davidson, Stanislas Guigui, Stratos Kalafatis, des accrochages collectifs sur le Neorealismo italien, dix années de vidéo espagnole, le collectif Nophoto… La liste est longue.
Au total, plus de soixante expositions, dont une trentaine en « off », sont ainsi disséminées pendant près de deux mois dans Madrid, au musée Thyssen, au musée Reina Sofia, à l’Institut Cervantes, etc. Vingt-six commissaires internationaux ont fait le déplacement ; trente et une nationalités sont représentées. Nul doute, PhotoEspaña signe avec cette édition anniversaire une lettre d’intention aux passionnés d’images du monde entier.
« Fiesta » internationale
Pourtant, lorsque La Fabrica crée en 1998 le festival, l’entreprise n’est pas gagnée d’avance. L’histoire de l’Espagne a sévèrement occulté la photographie. Les clichés de Capa montrant des républicains tombant au combat en 1936 n’y ont rien fait ; il a manqué au pays un Weegee ou un Cartier-Bresson pour entraîner une génération d’artistes qui, suspectés par le régime franquiste, ont privilégié le style pictorialiste (appelé ici tardopictorialismo) abandonné ailleurs depuis les années 1920.
En outre, à la fin des années 1990, les institutions madrilènes accusent un retard sur le secteur de l’image fixe, dont les capitales demeurent plus au nord, à Arles (les Rencontres internationales datent de 1969) et à Paris (le Mois de la photo a été créé en 1980, la MEP en 1996). Quant à l’argent injecté dans la création du festival, il vient du privé, le politique se tenant soigneusement à l’écart.
Cette conjoncture explique en partie la proposition de PhotoEspaña : montrer les meilleurs auteurs internationaux – 588 expos déjà organisées – en même temps qu’inviter les spécialistes mondiaux à réfléchir sur l’avenir de l’image. Pour découvrir la photo espagnole, il faudra alors regarder du côté du « off » ou se rendre en France, à Arles, pour l’exposition Alberto Garcia-Alíx. C’est aussi ça être international…
Informations pratiques « PhotoEspaña 2007 », 10e festival international de la photographie et des arts visuels, jusqu’au 22 juillet, Madrid, Tél. 34 91”‰360 13 20, www.phedigital.com
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°592 du 1 juin 2007, avec le titre suivant : PhotoEspaña