Jérôme Peignot, héritier de la lignée des fondeurs de caractères Deberny & Peignot, publie avec cet ouvrage le plaidoyer d’un art qui tend à se perdre.
De la vignette, il affirme qu’elle « contribue à l’ivresse de la lecture », se référant à l’hypothèse selon laquelle cette dénomination proviendrait d’un simple diminutif du mot « vigne ». Le livre éclaire l’origine historique de ces motifs ornementaux, par l’influence des manuscrits arabes rapportés par les Vénitiens après le sac de Constantinople à Venise, où Alde Manuce imprima les premiers livres en caractères latins incluant des vignettes au tout début du XVe siècle. Dès lors, cette pratique n’a cessé de se sophistiquer, pour atteindre son apogée au XVIIIe siècle. Ses règles de compositions strictes impliquent une mise en valeur visuelle du texte qui, pour établir parfois une tension, une rivalité avec ce dernier, doit résister à l’envahissement du mot par l’image. Le Traité de Peignot entraîne donc le lecteur dans un bref historique de cet art, tout en réaffirmant ses règles séculaires : « Il nous faudra éviter de sombrer dans les erreurs des livres romantiques, ce à quoi, déjà, les ordinateurs nous incitent. » L’absence de distinction entre illustration et vignette à laquelle était parvenu le livre romantique (grâce à l’emploi de la gravure sur bois de bout notamment), produisant une prolifération du motif au sein même de l’écriture, serait donc l’ancêtre de la composition informatisée actuelle. L’aspect le plus intéressant du livre est la petite anthologie d’extraits de manuels typographiques français exposant l’usage de la vignette, du XVIIIe siècle au temps présent. En ce qui concerne son parti pris, il ne peut être accueilli que comme le symptôme d’une mutation déjà bien avancée dans la typographie contemporaine, où le texte lui-même tend à devenir image.
Jérôme Peignot, Petit Traité de la vignette, éd. Imprimerie Nationale, 176 p., 96 ill. N&B, 149 F, ISBN 2-7433-0361-1.
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Petit traité de la vignette
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°518 du 1 juillet 2000, avec le titre suivant : Petit traité de la vignette