Architecture

Saline royale d’Arc-et-Senans

Penser la ville d’hier et de demain

Claude-Nicolas Ledoux nous invite à un voyage au cœur de la cité idéale, à la Saline royale d’Arc-et-Senans

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 30 juin 2000 - 567 mots

Lieu étonnant, presque intemporel, la Saline royale d’Arc-et-Senans a été conçue et réalisée par Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), à la demande de Louis XV. Dans un traité de 1804, l’architecte présente ce lieu de production et d’habitation comme le point de départ d’une ville idéale. C’est dans cette ancienne manufacture, propice aux projets utopiques, que l’Institut Claude-Nicolas Ledoux a décidé d’aller « à la recherche de la cité idéale ». Philosophes, architectes, paysagistes, urbanistes d’hier et d’aujourd’hui nous invitent à découvrir les différents regards qu’ils ont pu porter sur la « cité », réalité territoriale et institutionnelle (polis) de la Grèce antique. Leur choix n’est pas exhaustif, chacun d’eux nous invite à voyager et à penser la ville.

ARC-ET-SENANS - Dans le hall de la Maison du directeur, quatre maquettes de cités flottant dans l’espace se présentent au visiteur : la Cité lacustre néolithique, reconstitution archéologique ; la Ville de Versoix, projet inachevé du XVIIIe siècle ; l’organisation communautaire New Harmony, souhaitée par Robert Owen et la Ville de trois millions d’habitants conçue par Le Corbusier nous indiquent que la recherche de la cité idéale s’appuie, selon les époques, sur des disponibilités matérielles, des aspirations religieuses, politiques ou la volonté d’utiliser les nouvelles technologies. Les douze lieux de l’exposition expriment chacun une façon de concevoir la ville, en s’appuyant sur des maquettes, gravures, dessins, cartes, plans, objets ou photographies. Ingénieurs et architectes ont rivalisé dans la quête de l’idéalité. Pour les premiers il s’agit d’expérimenter de nouvelles constructions avec un objectif idéal à atteindre comme les villes verticales d’acier, de béton et de verre ou les cités-jardins, aux XIXe et XXe siècles. Pour les autres, le progrès scientifique et les grandes innovations, tel l’éclairage au gaz, permettent d’imaginer l’amélioration des conditions de vie. Dans la bande dessinée, les auteurs, jouissant d’une totale liberté, imaginent toutes sortes de villes, cités volantes, immenses ou microscopiques, futuristes ou disparues. Pour se protéger, se nourrir et prendre soin de leur progéniture, les animaux font souvent preuve d’une grande imagination et se transforment en architectes. Une fourmilière grandeur nature a été reconstituée et le visiteur peut observer à loisir ce grand complexe qui témoigne d’un haut degré de socialisation.

Bâtir l’avenir
La galerie de portraits nous présente différents penseurs tributaires de leurs époques : Platon qui, dans la République, imagine sa cité idéale en s’inspirant de l’organisation de l’Athènes ancienne pour aboutir à une société hiérarchisée ; Thomas More (1478-1535), inventeur du terme “utopie” – un “non lieu” de tolérance et d’harmonie – ou Charles Fourier (1772-1837) pour qui l’ère industrielle devait donner naissance à un monde communautaire. Pour Christian Marbach, concepteur de l’exposition : “il ne s’agit pas simplement de comprendre les théories du passé ou d’en admirer pour les reproduire peut-être les forteresses, les pyramides, les cloîtres ; il s’agit de bâtir notre cité de demain, en cohérence avec nos principes”. Les différents voyages proposés incitent le visiteur à considérer la ville autrement. Selon Serge Antoine, directeur de l’Institut : “De vraies utopies utiles manquent aujourd’hui à ceux qui s’interrogent et, surtout à ceux qui ne s’interrogent pas quant à l’avenir des cités.”

- À LA RECHERCHE DE LA CITÉ IDÉALE, jusqu’à la fin de l’année, Maison du directeur, Saline royale - 25610 Arc-et-Senans, tél. 03 81 54 45 45, tlj, 9h-12h et 14h-18h (juin, septembre-octobre), 9h-19h (juillet-août), 10h-12h et 14h-17h (novembre-décembre). Catalogue édité par l’Institut Claude-Nicolas-Ledoux, 199 p., 250 F.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°108 du 30 juin 2000, avec le titre suivant : Penser la ville d’hier et de demain

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