En 1950, le premier Prix de la Jeune Peinture belge récompensait l’œuvre de Pierre Alechinsky. La 42e édition dresse un constat d’absence : la peinture a pour ainsi dire déserté les cimaises du Palais des beaux-arts, se cantonnant à une néo-figuration de convention.
BRUXELLES (de notre correspondant). Face aux douze lauréats du prix – Peter Boelens/Koen Meyers, Judith Boessen, Caroline Cereghetti, David Claerbout, Bert Danckaert, Manon de Boer, Vincent Geyskens, Tina Gillen, Els Opsomer, Benoît Roussel, Reinaart Vanhoe et Dominique Vranken –, certains regretteront un esprit d’ouverture qui a conduit à prendre la peinture pour chose morte. D’autres y verront au contraire la confirmation de ce que l’esprit des fondateurs, des Pierre Crowet, Robert Delevoy, Robert Giron et autres Auguste Taevernier, a été respecté : la Jeune Peinture adhère toujours au présent et s’adapte à l’évolution permanente des formes d’expression. Ainsi, le jury a gagné en professionnalisme en réunissant des personnalités internationales comme Flor Bex, Caroline David ou Chris Dercon. Depuis deux ans, le Prix de la Jeune Peinture a sensiblement évolué et s’est imposé, aux côtés du Whitechapel Open de Londres ou des Ateliers de l’Arc à Paris, comme un rendez-vous privilégié. On y retrouve l’essentiel des tendances actuelles et les trois prix remis cette année vont en ce sens. Le prix Pierre Crowet est allé à Manon de Boer, dont l’installation vidéo crée un espace intimiste dans lequel trois femmes se dévoilent sans mouvement ni parole, dans le repli d’une présence toujours fragile. Le prix Langui a récompensé le travail d’Els Opsomer. Perchés sur des échelles groupées au centre de la salle, des projecteurs de diapositives témoignent de la vacuité des images et du vide de l’existence moderne prisonnière des villes. “Rien devant, rien derrière”, l’image reste illusion. Et l’artiste d’éteindre le regard en prévenant : "Je ferme les yeux quand je vous embrasse". Dernier lauréat, Benoît Roussel remporte le prix Lust, grâce à une présentation qui restaure humour et déraison dans un univers généralement frappé d’inquiétude et d’introspection. L’architecture et l’objet sont investis d’un regard ludique qui renverse les piscines en azur et fait du moindre fauteuil un lieu de fantasmes aériens.
JEUNE PEINTURE BELGE 1997, jusqu’au 5 octobre, Palais des beaux-arts, 23 rue Ravenstein, Bruxelles, tél. 32 2 507 84 66, tlj sauf lundi 10h-17h, entrée 100 FB.
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Peinture belge : constat d’absence
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°44 du 26 septembre 1997, avec le titre suivant : Peinture belge : constat d’absence