Paysages-temps

Ce qui est plus étonnant, c’est d’en passer par la peinture. Habituellement, il s’agit de grands formats. Masmonteil s’est longtemps plu à représenter ses paysages limousins d’enfance qu’il peignait de mémoire. Mais dans la ravissante chapelle de la Visitation, ce sont sept cent cinquante tableautins qui s’accumulent sur les parois immaculées. Du paysage, partout, tout le temps, à chaque minute. Une sorte de sablier visuel qui égraine montagnes, lacs, bords de mer, plaines, moraines glaciaires, crépuscules, aubes, ciels chargés. Le style réaliste rappelle clairement les tableaux romantiques de Caspar David Friedrich.
 
Dans cette anthologie du paysage, grâce à l’effet de répétition et de saturation, l’arrangement analogique, transparaît le caractère immuable de la nature. Une position ambiguë à une époque surinformée des pollutions et autres transformations irrévocables de milieux naturels, qui montre l’ambivalence du sujet. Les petits formats font partie d’une entreprise de quelque mille pièces réalisées au cours d’un an de voyage autour du monde sur cinq continents et dans vingt pays. Ils témoignent d’une actualité extraordinairement atemporelle, d’une permanence troublante. Un leurre ? Derrière une esthétique de carte postale, il se pourrait bien que la réalité se cache.