Ce sont bien « les fruits de la passion » ces objets acquis sur des coups de cœur, à l’encontre de toute cohérence logique, objets de chevet jalousement conservés par Jean-Paul Barbier-Mueller. Ainsi se sont accumulés ces « rêves de collection » qui juxtaposent soixante-dix sculptures inédites nées au fil de sept millénaires, sur trois continents, Europe, Asie, Afrique.
On est tenté de se demander si, malgré la beauté et l’intérêt des pièces choisies, le véritable but de l’exposition ne serait pas, pour Jean-Paul Barbier, de revivre l’excitation de ces moments de découverte.
Ces objets sont hors du commun, vestiges de cultures disparues, déconcertants car créés dans des conditions mal connues, qui toujours posent des problèmes insolubles aux connaisseurs patentés. La première section de l’exposition regroupe les productions de l’Antiquité, au fil du lent mouvement qui, de l’ancienne Mésopotamie (Ve millénaire), a gagné le sud de l’Asie et les bords de la méditerranée, l’Italie des Villanoviens, l’Espagne et les Celtes d’Allemagne. La mère est toujours présente, toujours secrète, déesse des cultes de fécondité immémoriaux. Les récipients votifs originaires d’Afghanistan ou de Crète ne font qu’ajouter leurs interrogations aux mystères de ces cérémonies oubliées, rites de fertilité ou liturgies funéraires.
En Asie Jean Paul Barbier-Mueller se défend de collectionner les arts chinois, il les contourne par le sud. Pour la Thaïlande, des objets surprenants, un bracelet en coquillage, une louche en bronze. Passant au Viêtnam, il se laisse séduire par les objets du style de Dongson. Le péridongsonien, art des régions limitrophes, Cambodge ou Thaïlande, est propice aux découvertes telle cette hache cérémonielle en forme de tête d’oiseau.
Dans la partie africaine de la collection, le visiteur peut voir un beau piquet de tente touareg aux parfaites sculptures, des masques baga de Guinée, un siège dan, un masque baoulé serein à souhait ; ainsi que des terres cuites étranges, une figurine du Komaland, gros personnage assis à tête quasi zoomorphe. Les arts des métaux, ces métaux si souvent chargés de magie dans la pensée africaine, sont bien représentés, figures d’autel des Lobi ou Dagari dont le seul fil de métal suggère le mouvement ou le très rare couple de figurines Songyé. Quant aux nombreux masques, leur beauté plastique jointe à leur rôle rituel ne pouvait que séduire Jean-Paul Barbier-Mueller.
« Sept millénaires de sculptures inédites. Europe, Asie, Afrique. Rêves de Collection Jean Paul Barbier-Mueller, PARIS, fondation Mona Bismarck, 34 av. de New York, XVIe, tél. 01 47 23 38 88, 30 septembre-29 novembre.
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Passion contre logique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°551 du 1 octobre 2003, avec le titre suivant : Passion contre logique