Pauvre Louis Sébastien Mercier (1740 - 1814) ! À notre époque, muni d’un matériel audiovisuel, il serait un remarquable reporter. Mais il est né trop tôt. Il n’avait que sa plume. En dépit de ces moyens réduits, les douze volumes de son Tableau de Paris, parus de 1781 à 1789, ont le grand avantage de nous transmettre une description précise de la capitale à la veille de la Révolution. Pour réaliser ce prodigieux monument, Mercier a sillonné pendant trente ans les rues, s’est faufilé dans la foule, a observé le travail des artisans, a noté les cris des vendeurs ambulants et les complaintes des chanteurs de rue, accumulant des monceaux de notes. Notes souvent critiques car Mercier est un homme des Lumières. Il voudrait voir élargir les rues, créer des trottoirs, des latrines, améliorer l’éclairage et adoucir le sort des misérables. Ce bilan, destiné à rendre son auteur célèbre dans toute l’Europe, est aussi pour nous un document irremplaçable sur la culture populaire et la vie quotidienne à la fin de l’Ancien Régime. Il semble d’autant plus fiable que des tableaux de Jeaurat, Raguenet ou Debucourt, des dessins et gravures de l’époque, ainsi que de nombreux objets provenant de fouilles archéologiques en confirment l’exactitude. Dans l’exposition organisée par le Musée Carnavalet, cette documentation est présentée autour d’une soixantaine d’extraits du texte de Mercier. Mais ceux qui veulent en savoir plus peuvent aussi se plonger dans l’édition critique en quatre volumes du Tableau de Paris.
Musée Carnavalet, jusqu’au 20 juin, cat. Paris-Musées, 86 p., 50 ill., 95 F.
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Paris vu par Louis Sébastien Mercier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°505 du 1 avril 1999, avec le titre suivant : Paris vu par Louis Sébastien Mercier