Paris sera toujours Paris

Et voilà qu’il commence à pleuvoir ! Un homme sort une montre de sa poche. À côté de lui, sa femme, excédée, y jette un coup d’œil furibond, à moins qu’elle ne guette le train qui ne vient pas. Entre eux, un petit garçon regarde les rails et réfléchit à une idée de bêtise. Une scène dans le métro à l’heure de pointe ? Aucunement ! Il s’agit d’une lithographie d’Honoré Daumier, parue dans Le Charivari, le 13 novembre 1843, actuellement exposée à la Maison de Balzac. Cette dernière rend en effet hommage à ce dessinateur qui, comme Balzac, s’attacha à représenter la « comédie humaine». Se sont-ils croisés, dans les salles des journaux ou chez les éditeurs avec qui ils travaillaient ? C’est possible. L’un comme l’autre ont brossé dans leurs œuvres les portraits des Parisiens – concierges, saute-ruisseau, grisettes, cuisiniers, vieux couples, célibataires ou familles bourgeoises –, auxquels ils ont donné vie de façon saisissante. « La véritable gloire et la vraie mission de Gavarni et de Daumier ont été de compléter Balzac, qui d’ailleurs le savait bien, et les estimait comme des auxiliaires et des commentateurs », a écrit Baudelaire.Faisant dialoguer des textes de l’écrivain avec une soixantaine de gravures de Daumier, mais aussi quelques peintures, l’exposition pique et amuse, en même temps qu’elle sonde l’âme humaine. Des dessins contemporains de Belom, Coco, Fabrice Erre ou Gab nous rappellent avec humour et légèreté que Balzac et Daumier n’ont rien perdu de leur actualité.