Photographie - Street art

Paris, capitale de l’art urbain

Hôtel de ville, Paris-4e – Jusqu’au 11 février 2023

Par Stéphanie Lemoine · L'ŒIL

Le 22 novembre 2022 - 419 mots

Art Urbain -  Foisonnante : c’est le mot qui vient à l’esprit lors de la visite de l’exposition « Capitale(s) ».

Débordant jusqu’à l’extérieur de l’Hôtel de ville, via les photographies de Stéphane Bisseuil, le tunnel des Tuileries ouvert cet été ou les murs à programmation de l’association Art Azoï, l’exposition entend embrasser pas moins de « 60 ans d’art urbain à Paris ». D’où un parcours très dense tendu entre toiles et sketchs, créations in situ et documents d’archives, et un corpus qui ne l’est pas moins : près de 70 artistes sont rassemblés pour l’occasion. Ils sont de tous âges et de toutes nationalités, et comprennent aussi bien des figures incontournables de l’art urbain parisien (Miss.Tic, Jérôme Mesnager, Lek & Sowat…) que des acteurs beaucoup plus périphériques comme Jacques Villeglé, qui ouvre le bal avec son alphabet sociopolitique et ses affiches lacérées. Cette recherche d’exhaustivité conduit l’Hôtel de ville à pécher en quelque sorte par excès : logée dans un espace contraignant et cloisonné, « Capitale(s) » prend parfois des allures de rue bondée, ce d’autant plus que l’exposition est un succès monstre. Il faut dire qu’elle a été conçue non pas par un, mais par quatre commissaires d’exposition, sans compter le centre d’archives Arcanes, émanation de la Fédération de l’art urbain dont l’apport s’avère essentiel à la crédibilité du projet. Leurs parcours hétérogènes – Marko93 est artiste, Elise Herszkowicz directrice artistique et productrice de projets artistiques dans l’espace public, Nicolas Laugero Lasserre et Magda Danysz, galeristes – constituent à la fois la richesse et la limite de la proposition. La richesse, car la diversité de leurs approches et de leurs affinités permet d’aborder chronologiquement toutes les facettes d’une pratique protéiforme, depuis les échappées urbaines de Zlotykamien et Pignon-Ernest jusqu’à l’essor à Paris du street art et du post-graffiti (Zevs, André, Invader…), puis d’un néo-muralisme globalisé. Ses limites, puisque ce choix n’évite pas les manques – où sont Nemo, Zoo project, Ox, Honet, Stik, etc. ? –, ni les partis pris étonnants – que viennent faire El Seed, Greky ou Swoon dans une ville où ils ont très peu œuvré ? Malgré les polémiques qui ont entouré la présence ou non de certains artistes, le pari d’associer plusieurs regards s’avère, cela dit, plutôt payant. Il permet d’offrir une bonne introduction aux néophytes désireux d’embrasser la complexité de l’art urbain, tout en ménageant d’heureuses découvertes. Parmi celles-ci, les œuvres de Cristobal Diaz, dont le film-hommage au Mystère Picasso et la Graffbox apportent une mise en lumière aussi originale que bienvenue à la pratique du graffiti.

« Capitale(s). 60 ans d’art urbain à Paris »,
Hôtel de ville, salle Saint-Jean, 5, rue de Lobau, Paris-4e, www.paris.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°760 du 1 décembre 2022, avec le titre suivant : Paris, capitale de l’art urbain

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