« Art cruel », c’était déjà le titre d’une exposition parisienne de 1937 organisée en soutien aux victimes et combattants de la guerre d’Espagne.
Nous sommes en 2022, la guerre fait rage de l’autre côté de l’Europe et la coïncidence avec cette exposition veveysane est troublante. En puisant dans les riches réserves d’un musée dédié aux arts graphiques et en faisant appel à quelques beaux prêts, la commissaire invitée Claire Stoullig a conçu un parcours audacieux mêlant des œuvres, en majorité graphiques, toutes époques confondues, et les organisant autour de thèmes-clés. Si l’on rencontre de manière attendue beaucoup d’œuvres à l’iconographie chrétienne (la crucifixion, les martyrs ou les récits bibliques) comme mythologique, le sujet est traité avec plus de liberté dans un second temps avec une section « Blessures » très largement consacrée aux déportés des camps de la mort et, surtout, dans un dernier chapitre intitulé « Théâtre de la cruauté », qui s’intéresse à la cruauté envers les animaux via la tauromachie et les violences sexuelles. C’est dire que le concept de cruauté est interprété ici de manière large, s’apparentant souvent à la violence. Dans certaines pièces marquantes, le caractère subtil et ambivalent de la cruauté, cette ligne de crête qui, au-delà, de la violence, semble procurer un certain plaisir à son auteur, apparaît néanmoins plus lisible, comme, par exemple, dans l’installation Les Piques d’Annette Messager, dont l’aspect ludique, presque enfantin, ne masque pas entièrement les ombres de la terreur révolutionnaire, ou dans la belle série des Saint Sébastien de Françoise Pétrovitch à la sensibilité doloriste, sans oublier la couronne d’épines en cristal de l’artiste belge Patrick Neu, un objet délicat et précieux dont le côté blessant nous échapperait presque.
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Panorama de la cruauté humaine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°756 du 1 juillet 2022, avec le titre suivant : Panorama de la cruauté humaine