PARIS
Quand reverrons-nous Palmyre et Alep, Mossoul, Leptis Magna, cette « Rome de l’Afrique » bâtie sur le rivage de l’actuelle Lybie ? Les guerres nous ont rendu ces villes antiques inaccessibles, et les ont en partie ravagées.
Et voici que leurs ruines surgissent à nos yeux dans une exposition numérique, immersive, au sein de l’Institut du monde arabe, à Paris. Grâce aux images 3D d’Iconem, société spécialisée dans la numérisation du patrimoine en danger, on se promène dans les ruines de Mossoul et Alep, détruites par les combats, de Palmyre, dynamitées par Daesh, ou Leptis Magna, en sursis. D’un film à l’autre, s’immisce en nous le dialogue inaugural d’Hiroshima, mon amour, détourné. « – Tu n’as rien vu, de Palmyre à Mossoul. – J’ai tout vu, tout […]. Les reconstitutions ont été faites le plus sérieusement possible. Les films ont été faits le plus sérieusement possible. L’illusion, c’est bien simple, est tellement parfaite que les touristes pleurent. On peut toujours se moquer, mais que peut faire d’autre un touriste que, justement, pleurer ? » Au long de cette exposition d’un genre nouveau, des images d’archives sur des écrans nous font prendre conscience de l’ampleur de ce que nous avons perdu et de la beauté de ce que nous avons encore, tandis que spécialistes ou habitants prennent la parole pour nous informer des enjeux ou simplement témoigner. Dans des alcôves, textes et vidéos mettent en perspective l’histoire de certains monuments particulièrement symboliques. Un parcours aussi éclairant que bouleversant. J’ai tout vu, tout…
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°718 du 1 décembre 2018, avec le titre suivant : Palmyre, mon amour…
