On attendait de la découvrir depuis longtemps. La collection d’art contemporain de l’homme d’affaires français François Pinault est à voir au palais Grassi à Venise depuis le 30 avril dernier.
Une partie seulement, soit une sélection de cent cinquante pièces des années 1950 à nos jours, sur un ensemble de quelque deux mille cinq cents œuvres.
Un rien chauvin, le collectionneur a fait hisser sur le toit du bâtiment le drapeau breton de sa région natale à côté de celui de la République de Venise ! Pourtant pas de quoi crier « cocorico ». Trois artistes français, choisis pour leur carrière internationale, figurent dans l’exposition : Pierre Soulages, Pierre Huyghe et Bernard Frize.
Un énorme chien balloon rouge de Jeff Koons monte la garde à l’extérieur, le long du canal. La cour intérieure est époustouflante tant pour le gigantesque tapis de dalles métalliques, sculpture horizontale de Carl André, que le visiteur est invité à parcourir en marchant dessus, que pour l’installation d’Urs Fischer de mille sept cents gouttes de pluies en Technicolor suspendues.
Les choses se compliquent dans les étages avec leur enfilade de petites salles. L’intérêt est toujours là mais il manque le recul nécessaire pour contempler les nombreuses œuvres de grandes dimensions. C’est même presque oppressant, l’étroitesse du lieu dessert parfois l’exposition, par exemple dans la pièce consacrée aux « structures » minimalistes de Donald Judd.
Les premiers visiteurs se sont cependant peu embarrassés de ces considérations d’espace. L’attrait de la découverte est plus fort. Certains ont été séduits par la poésie lumineuse et colorée de la peinture de Mark Rothko. D’autres sont restés choqués par les photos sexuelles provocantes de Cindy Sherman. Une œuvre fait l’unanimité : le fascinant portrait de François Pinault trônant en haut des marches de l’escalier principal. Il exprime le reflet d’un homme façonné par sa passion pour l’art. Pour réaliser cette photo couleur dévoilant l’intérieur du crâne du collectionneur, l’artiste, Piotr Uklanski, a fait passer une radiographie utilisant la technique avancée du body imaging thermographique à son modèle.
L’œuvre néo-pop de Jeff Koons a aussi la cote. La preuve : les ventes en Europe et sur Internet du Balloon Dog, la mini-réplique de celui exposé à Venise (éditée à deux mille trois cents exemplaires en 2002), ont littéralement explosé depuis quelques semaines.
« Where Are We Going ? », un choix d’œuvres de la collection François Pinault, Palazzo Grassi, campo San Samuele, 3231, Venise, Italie, tél.”‚39 0 41 523 16 80, www.palazzograssi.it, jusqu’au 1er octobre.
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Palazzo Grazzi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Palazzo Grazzi