Galerie Jaeger Bucher - Jusqu’au 8 janvier 2011

« Paint » Steir

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 15 novembre 2010 - 269 mots

Face aux déversements en cascade des peintures de Pat Steir surgit irrésistiblement le souvenir de l’une des toutes premières performances de Robert Smithson intitulée Rundown et datée 1969.

Comme en écho au dripping de Pollock, celui-ci avait déversé de la benne d’un camion une cargaison de goudron sur les flancs d’une décharge désaffectée. Une façon de restituer à la terre sa matière première. Au regard de la peinture pour elle-même, les tableaux de Pat Steir procèdent d’une pareille intention. La façon très personnelle qu’elle a de faire s’écouler la peinture sur la toile par couches successives de sorte qu’elle s’accapare le champ iconique en toute liberté tient à une même préoccupation d’origine. Celle de mettre en exergue le propre de la peinture, qui est celui d’un recouvrement. 

Ce faisant, l’Américaine prend en compte dans sa démarche non seulement toute l’histoire de l’expressionnisme abstrait, mais aussi, par un usage magnifié de la couleur, tout un lot de traditions séculaires qui ont fait la grande peinture. La singularité de son art est donc de réaliser la synthèse de postures et de protocoles qui ont ponctué celle-ci, toutes cultures confondues, de la sublime peinture chinoise du temps jadis à l’art gestuel le plus contemporain en passant par tous les plus éclatants exemples de la Renaissance. « Paint » affirme en lettres capitales le titre de son exposition parisienne : tout y est ainsi résumé de ses préoccupations, de ses motivations et de ses objectifs. De la peinture en chute libre.

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« Pat Steir : Paint », galerie Jaeger Bucher, 5 et 7, rue de Saintonge, Paris IIIe, www.galeriejaegerbucher.com, jusqu’au 8 janvier 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°630 du 1 décembre 2010, avec le titre suivant : « Paint » Steir

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