Légèreté, puissance, envolée, densité, élancement, épaisseur, le sculpteur Bernard Pagès, né à Cahors en 1940, chérit les accouplements métis et les accointances improbables entre matériaux et formes incompatibles dans le monde ordinaire.
Cofondateur du mouvement Support/Surface, il est depuis toujours du côté de la matière, de l’usage des outils et des mains, loin des théories et des concepts qui donneraient des limites à sa volonté de sculpteur. Quand il réalise une œuvre, Bernard Pagès prend tout en compte : l’espace dans lequel il travaille, l’espace qui pourra accueillir son travail et la spécificité de chaque matériau dont il se sert pour construire sa sculpture. L’exposition du Carré Sainte-Anne en est une belle démonstration.
A priori, le lieu, une église néogothique du XIXe, élancée et colorée par ses vitraux, n’est pas facile pour y loger des sculptures. Pagès en choisit sept, avec soin. Pourquoi rentrer en conflit avec la verticalité et l’ordonnance des colonnes de l’église ? Il décide de « créer une floraison à hauteur d’yeux d’éléments parfois oxydés, parfois vivement colorés, que l’on apercevra dans les vides laissés entre les colonnes ». Le résultat est très fort, ça glisse, ça rampe, ça se tord, ça se dresse soudainement. Avec Pagès, souvent, ce qui est lourd vole, ce qui est léger s’enhardit d’une folle pesanteur. Le bois d’amandier calciné pénètre le tube métallique carré peint en jaune, les bidons ocre ou verts surmontés de brunes défenses effilées ondulent flanqués de pierres roses... Superbe !
Carré Sainte-Anne, 2, rue Philippy, Montpellier (34), www.montpellier.fr
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Pagès, le défi lancé à l’apesanteur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°644 du 1 mars 2012, avec le titre suivant : Pagès, le défi lancé à l’apesanteur