TOULOUSE
Encore une expo Picasso ! Une parmi les quarante-cinq initiées depuis trois ans par le Musée national Picasso – Paris.
Celle-ci n’est pas véritablement consacrée au créateur engagé, le sujet ayant été largement traité l’année dernière dans l’exposition parisienne « Guernica ». Mais elle aborde l’implication plus globale – idéologique, humaine et financière – de l’homme Picasso dès le début de la guerre civile en juillet 1936 en faveur de la République espagnole et de ses combattants. « Pour nous, Picasso était tout : il nous aidait financièrement, c’était le rouge, le communiste et, en plus, celui qui avait peint Guernica», rappelle le philosophe Francisco Fernández Buey. Nombreux sont les artistes, évoqués dans l’exposition par des œuvres et des cartels clairement explicites, qui ont été activement aidés par Picasso. Tels Hans Hartung, dont Picasso finance en partie la fuite en Espagne alors qu’il est traqué par les nazis, ou ses neveux Javier Vilat – et Josefin Vilat –, dit Fin, qui avaient combattu dans les rangs républicains espagnols, et pour lesquels il intervient en faveur de leur libération du camp d’Argelès-sur-Mer. Étrangement, l’évocation de Wifredo Lam, juste suggérée par une petite estampe sans aucun commentaire, est lacunaire. Cet artiste, né à Cuba en 1902, vivait en Espagne depuis 1923 quand éclata la guerre civile. Immédiatement engagé aux côtés des républicains, il participe à la défense de Madrid, réalise des affiches antifranquistes et travaille dans une usine d’armement. Il fuit l’Espagne pour Paris en mai 1938, chaleureusement accueilli puis soutenu par Picasso. « Je ne me suis jamais trompé sur toi. Tu es un peintre. C’est pour cela que j’ai dit la première fois que nous nous sommes vus que tu me rappelais quelqu’un : moi. » Et il le présente à tous ses proches, y compris aux galeristes Daniel-Henry Kahnweiler et Pierre Loeb. Cette exposition est associée à un programme intitulé « Je suis né étranger » regroupant vingt-quatre autres expositions d’art contemporain réparties dans toute la région Occitanie, en écho avec le 80e anniversaire de la Retirada, l’exode des réfugiés espagnols de la guerre civile.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°724 du 1 juin 2019, avec le titre suivant : Pablo Picasso, antifranquiste solidaire