Rien n’est immuable dans l’univers, tout se transforme à chaque instant, y compris sur notre bonne vieille Terre.
Et nous-mêmes, petits humains, ne cessons de faire évoluer nos cultures et nos relations au monde. Avec une vive diversité, cinq artistes proposent, dans les salles lumineusement claires de cette ancienne distillerie d’alcool amer italien, des éclairages sur les frémissements du temps et sur la relativité de toute présence s’offrant à nos sens. Sarcastiquement intitulée Nature permanente (2010), la photographie couleur d’un saule pleureur garni de bigoudis géants, de Céline Cléron (née en 1976), « est née de la rencontre entre ma mémoire, mes souvenirs d’enfance et la contemplation du paysage. C’est en quelque sorte un portrait de ma grand-mère. Je me suis amusée à mêler des champs symboliques, en croisant l’archétype de l’anti-séduction féminine (les bigoudis) et l’aura romantique du saule pleureur…. » Le désir de « fixer l’impermanence qui comme le sable glisse entre les doigts » conduit Marie Denis (née en 1972) à réaliser d’impressionnantes présences de ramures végétales minéralisées par des patines associées à des arborescences en cuivre (Sanseviera, 2018). Quatre cent cinquante cristaux irradient l’installation sonore et visuelle de Stéphane Guiran (né en 1968), architecte de la lumière, telle une « Immersion dans l’intime. Comme un élan qui dépoussière l’enfant qui dort en chacun ». Tout comme les nervures de feuilles d’arbre imprimées sur des feuilles d’aluminium et les empreintes de cristaux sur verre de Léa Barbazanges (née en 1985) révèlent d’invisibles imprévisibles.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Ouf, tout change tout le temps !