Il y a une légère maldonne dans cette exposition, par ailleurs extrêmement sympathique et bien mise en espace. On nous allèche avec l’apparition d’une nouvelle génération de designers qui seraient apparus à la fin du siècle dernier en Grande-Bretagne et qui, par opposition radicale au matérialisme du Mouvement moderne, seraient plutôt des créateurs tous azimuts adoptant ensemble une démarche critique qui va de la colère politique à un constat cynique. Il n’existe pas aujourd’hui une seule utopie capable de résoudre les problèmes sociaux et culturels des Anglais. Comme solution, ils semblent proposer une nouvelle « philosophie » (sic) faite de débrouillardise, de pluri-culturalisme (ce qui n’est quand même pas très nouveau !) et d’humour. Bravo ! Encore faut-il que ce que l’on expose réponde à une telle promesse. L’art total est une vieille histoire, qu’il existe un message social et politique aussi. Depuis William Morris, beaucoup de choses ont été tentées. Dans cette exposition, on ne comprend malheureusement pas très bien ce qui distingue le design de l’art contemporain tout court. Par exemple la chaise de Dunne & Raby, faite pour protéger l’utilisateur des ondes néfastes extérieures, s’apparente plus à une pièce d’art contemporain dénonciatrice qu’à un meuble ! Quant à la table Alarm clock de Michel Anastassiades, d’où tout tombe quand le réveil sonne pour mieux réveiller, cela tient plus du gadget que du design. Amusant, oui, révolutionnaire, c’est à voir ! Et pour mieux « asseoir » l’exposition, on présente une table-plateau de Morrison, une lampe de jardin de Ross Lovegrove, une lampe étoile de Tom Dixon... Quel rapport, et de génération, et de « philosophie », avec le chaos qui avait été annoncé ? On savait les Anglais bourrés d’humour. Cette fois-ci, il est léger.
BORDEAUX, Arc en rêve, jusqu’au 3 septembre.
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Où sont les jeunes designers anglais ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°518 du 1 juillet 2000, avec le titre suivant : Où sont les jeunes designers anglais ?