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Bruges (Belgique)

Otobong Nkanga l’art du dialogue

Hôpital Saint-Jean - Jusqu’au 25 septembre 2022

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 1 septembre 2022 - 361 mots

L’ancien hôpital Saint-Jean, devenu musée, s’apprête à fermer pour un an afin de dépoussiérer son parcours et sa scénographie.

Avant cela, il a confié ses espaces à Otobong Nkanga qui a eu carte blanche pour prendre possession des lieux et confronter son travail aux collections d’art et d’histoire de la ville de Bruges. Le choix s’est porté sur cette artiste d’abord en raison de la notion de soin et de réparation, essentielle dans son œuvre, ensuite « parce qu’il devenait urgent d’organiser une grande exposition de son travail en Belgique », confie Michel Dewilde, commissaire de l’événement. Outre le fait qu’elle vit à Anvers, Otobong Nkanga (née au Nigeria en 1974) travaille sur les relations entre l’Occident et l’Afrique, question centrale dans la programmation des galeries et des institutions belges. Et Otobong Nkanga sort honorablement de l’exercice – périlleux – de la carte blanche dans une institution d’art ancien. En lui faisant emprunter un chemin dessiné entre des îlots tapissés de marbre blanc de Carrare, l’artiste oblige d’abord le visiteur à participer activement à l’exposition, dans laquelle il pénètre comme dans une installation. Chaque îlot accueille des œuvres : d’un côté les sculptures organiques en verre et en bois de l’artiste, reliées entre elles par des cordes comme des vaisseaux sanguins ; de l’autre, les pièces du musée, dont une sélection de reliquaires dédiés à sainte Ursule comprenant la châsse décorée par Memling en 1489. Aux murs, les splendides tapisseries de l’artiste voisinent avec des tableaux anciens qui racontent l’histoire du lieu (Vue des anciennes salles des malades de Jan Beerblock, 1778). Chaque fois, Otobong Nkanga privilégie le dialogue à une confrontation qui lui aurait été fatale. Sous la monumentale charpente de bois de l’hôpital, Otobong Nkanga propose ainsi une nouvelle version de son Anamnesis, rivière d’épices (café, tabac, encens, poivre…) longtemps convoitées par les Européens. Cette sculpture, autant visuelle qu’olfactive, fait face à une tapisserie que l’artiste a dénichée dans les réserves : America (vers 1700) raconte l’histoire du commerce avec l’Afrique. Au centre, un noble commerçant européen négocie avec un notable africain pendant que des esclaves chargent les navires de marchandises et d’animaux exotiques. On ne saurait imaginer dialogue plus sensible…

« Otobong Nkanga »,
Hôpital Saint-Jean, Mariastraat 38, Bruges (Belgique), www.museabrugge.be

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : Otobong Nkanga l’art du dialogue

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