Ode à l’enfance

L’occasion de dédier une présentation aux tableaux d’enfants de la main de ce chantre de la nature (encore trop méconnu en France, mais très célèbre en Helvétie) a été donnée par l’achat d’une peinture par la Fondation Im Obersteg, hébergée par le musée bâlois : réalisée en 1910, cette scène d’intérieur, Deux fillettes nues, qui met en scène les deux filles adoptives du couple Amiet, n’est pas unique dans l’œuvre du peintre. À de nombreuses reprises apparaît le motif de l’enfant à la mère, mais aussi celui du portrait d’enfant pour lequel il prend des modèles dans son entourage, principalement ses propres filles, Greti et Lydia : ainsi naissent des peintures de genre intimiste qui racontent la vie quotidienne à la campagne. Dans la palette et la touche d’Amiet, se lisent les influences successives du post-impressionnisme et de l’école de Pont-Aven, où il séjourne entre 1892-1893, de Van Gogh (dont il copie un portrait d’enfants en 1907), puis de l’expressionnisme allemand à l’heure de son adhésion au groupe Die Brücke. Mais, contrairement au mouvement artistique allemand, représenté dans l’exposition par les tableaux d’enfants de Ludwig Kirchner et d’Emil Nolde, la production artistique d’Amiet, qui gagne avec le temps en expressivité et en couleur, évite l’écueil de la provocation – rien que de la tendresse, sans jamais tomber dans la mièvrerie.