Nouvel éloge de la machine

On le savait grand spécialiste de la photographie, voilà qu’il se montre féru de machines. Régis Durand, l’ancien directeur du Jeu de paume, répond cet automne à l’invitation de Renos Xippas d’occuper les locaux de sa « Réserve », sise à Pacy-sur-Eure. Il faut dire que le lieu, un ancien entrepôt fait d’un plateau unique de quelque mille mètres carrés, est attirant. Le galeriste qui l’a créé il y a deux ans y organise régulièrement des expositions de longue durée en parallèle à sa programmation parisienne.
Intitulée « Du machinique et du vivant », l’exposition qu’y a conçue Régis Durand reprend à son compte une préoccupation instaurée par Pontus Hulten en 1968 au MoMA de New York, à savoir l’idée que se font les artistes contemporains de la notion de machine. Construite en cinq chapitres, celle-ci rassemble les œuvres d’une quarantaine d’artistes empruntées à tout un lot d’autres galeries parisiennes, ce qui témoigne d’un heureux exercice confraternel. Machines de guerre (Stéphane Sautour) ou de vision (Frank David), machines temporelles (Céleste Boursier-Mougenot), conceptuelles (Gilles Barbier) ou célibataires (Alain Bublex), il y en a pour tous les goûts.
Il y en a surtout de toutes les inventions dans une façon toujours singulière de dire le monde d’aujourd’hui et d’en projeter une image à venir. Qu’il s’agisse d’en brosser un tableau critique, d’en imaginer une vue idéale ou d’en révéler une dimension poétique. Un lieu, une exposition à l’écart des rumeurs capitales, détour obligé.