Pour le quarantième anniversaire de la mort d’Emil Nolde, la Whitechapel Art Gallery a réuni une centaine de peintures, aquarelles, estampes et lithographies réalisées par l’expressionniste allemand. C’est la première grande exposition londonienne consacrée à Emil Nolde depuis celle organisée par la galerie Marlborough Fine Art, en 1964.
LONDRES (de notre correspondant) - Depuis la publication par Martin Urban du catalogue raisonné en deux volumes des huiles d’Emil Nolde, chez Philip Wilson Publishers (1987-1990), la carrière de Nolde est bien documentée et illustrée. Pourtant, en Grande-Bretagne, l’œuvre inhabituelle de l’artiste allemand demeure mal connue, comme le souligne Peter Vergo, professeur à l’université d’Essex, dans le catalogue de l’exposition qu’il a organisée, avec Felicity Lunn, pour la Whitechapel Art Gallery.
1356 toiles conservées par la Fondation
Cette exposition succède à "Ungemalte Bilder", déjà à la Whitechapel Art Gallery en 1990, qui présentait une sélection restreinte des aquarelles réalisées secrètement par Nolde durant la Seconde Guerre mondiale (ses fameux "tableaux non peints"), et à "German Art in the 20th Century", à la Royal Academy of Arts en 1985, où quelques œuvres de Nolde étaient exposées.
Elle regroupe soixante peintures à l’huile, vingt-quatre aquarelles, neuf estampes et lithographies, ainsi qu’un choix d’objets conçus ou ayant appartenu à l’artiste. Trente et une des peintures et presque toutes les œuvres sur papier ont été prêtées par la Nolde Stiftung de Seebüll, la fondation créée par l’artiste dans la maison qu’il avait fait construire, au sud de la frontière germano-danoise. La coopération de la Fondation Nolde est un point de passage obligé pour toute exposition de son œuvre, quand on sait qu’elle détient 541 des 1 356 toiles connues du peintre et plus de 5 500 aquarelles et esquisses.
Regroupements thématiques
Pour ouvrir l’exposition, la fondation a prêté Avant l’aube (1901), une fantaisie qui marque la rupture de l’artiste avec les paysages et les portraits impressionnistes de ses débuts ; Figures exotiques II (1911) ; Danseuses aux chandelles (1912), déjà présenté à la Royal Academy, en 1985 ; La fille de Pharaon trouvant Moïse (1910), mais, hélas, pas ses neuf toiles religieuses les plus significatives, qui retracent La vie du Christ (1911-12), exposées au Guggenheim Museum, en 1980, pour "Expressionism : A German Intuition". D’autres prêts importants sont à souligner, tels que Danse sauvage d’enfants (1909, Kunsthalle, Kiel), Le Christ et les enfants (1910, MoMA, New York) et enfin, quatre des dix-neuf vues des mers du Sud achevées par Nolde à Käwieng (Nouvelle-Irlande), au printemps 1914.
Pour expliquer son parti pris thématique plutôt que chronologique, Peter Vergo affirme que l’évolution stylistique de Nolde n’est pas l’élément le plus intéressant de son œuvre : "Sa manière de peindre n’a pas changé de façon significative pendant plus de quatre décennies. On relève peu de traces d’évolution stylistique en tant que telle ; au contraire, son œuvre – ses débuts mis à part – offre un ensemble remarquablement homogène, défiant toute tentative de division en périodes." Cette division thématique remplit également deux autres missions : d’une part, révéler l’ambivalence des sujets traités par Nolde et les diverses significations qu’ils contiennent, et d’autre part, explorer les relations complexes qui existent entre les peintures à l’huile, les aquarelles et les dessins de l’artiste.
EMIL NOLDE, Whitechapel Art Gallery, Londres, jusqu’au 25 février. Puis au Musée d’art moderne de Copenhague, du 15 mars au 10 mai.
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Nolde à Londres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Nolde à Londres