Niko Pirosmani, un Trésor national à Arles

L’événement revêt un caractère exceptionnel : ses œuvres, considérées comme un trésor national, ne quittent que très rarement les institutions géorgiennes. Elles étaient destinées à l’origine aux murs des tavernes sombres de son village et des alentours. Pirosmani peignait comme Van Gogh, avec modestie, la vie des travailleurs dont il fait les portraits, pêcheurs, bergers, charretiers, les clans familiaux, la culture des auberges qui n’étaient pas seulement des débits de boisson mais des lieux de sociabilité, le rituel des banquets, autre motif de prédilection, dont il sublime la réalité à travers une architecture formelle rigoureuse, les tableaux d’animaux les plus variés, domestiques, sauvages ou exotiques qui regardent fixement le spectateur, de ce regard intemporel surgissant du clair-obscur. La plupart de ses tableaux sont peints sur une toile cirée noire avec des couleurs à l’huile, et la résonance du fond noir avec les figures colorées crée une sombre lumière qui rend sa peinture unique. Pirosmani passait pour un peintre naïf, un autodidacte, un vagabond sans ressources, inscrit comme Van Gogh à « l’université de la misère ». Ce soi-disant naïf reçut l’hommage de Picasso par un portrait présenté ici ; Baselitz, passionné par sa technique, lui a dédié un diptyque et Tadao Ando a réalisé une installation étonnante autour de ses utopies, et nombre de peintres, dont Yoshitomo Nara, ont repris ces couleurs et ce noir chers à cet artiste émouvant.