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Nicola Tyson, le corps abstrait

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 décembre 2000 - 262 mots

On connaît la célèbre formule de Cézanne qui prétendait vouloir « marier les épaules des femmes
aux courbes des collines ». Ce soin d’osmose entre la nature et le corps porte le travail de Nicola Tyson en certains points extrêmes dans sa dernière livraison de peintures. Certaines de ses figures silhouettées qui la composent et dont l’artiste ne retient qu’un fragment du corps frisent en effet l’abstraction. La vision organique qu’elle offre renvoie à l’idée d’une géologie mêlée du corps et du paysage. Originaire de Grande-Bretagne, formée à la St-Martins School, Nicola Tyson, qui s’est installée à New York au début des années 90, développe une œuvre puissante et originale qui conjugue un dessin au trait discontinu à des tons sourds et à de grands aplats. Si la tentation
est grande de vouloir la considérer à l’aune d’un expressionnisme début de siècle, dans cette façon tout à la fois violente et sensuelle d’un Rodin dessinateur, c’est qu’il y va pareillement d’un drame et d’une joie, d’une tension et d’une ampleur. Nicola Tyson a une façon très particulière de faire surgir
ses figures, dont les formes sont volontiers érotisées, d’une matrice informelle, souvent hybride, et d’un réseau graphique très intriqué. Il y va chez elle de jeux de circonvolutions, de sécrétions et d’humeurs qui confèrent à son travail une éminente dimension existentielle. Celle-ci est notamment accusée par l’opposition qui règle ses dernières œuvres, entre un fond coloré aux tons froids, étendus et la virulence d’un dessin tracé à vif dans la chair même de la peinture.

PARIS, galerie Nathalie Obadia, jusqu’au 6 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Nicola Tyson, le corps abstrait

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