Deux cent cinquante pièces de faïence fine, provenant des sites où repose la mémoire napoléonienne et des plus grandes manufactures françaises, sont réunies pour la première fois au Musée du château de Malmaison. Les prêts des musées de l’île d’Aix, Creil, Sèvres, Montereau, Sceaux, des musées de l’Armée et de la Légion d’honneur et de nombreuses collections privées ont permis de reconstituer des services de douze assiettes dans leur intégralité.
RUEIL-MALMAISON - À la fois objets d’art, multipliés par une production industrielle, et instruments de propagande, les assiettes en noir et blanc s’accompagnent de créations aux teintes pâles – bleu, rose, jaune, violet, vert – et de rares pièces polychromes. Il s’agit d’exemplaires décorés par impression de gravures, selon le procédé breveté par Antoine Legros d’Anizy, Jean Hurford Stone et Marie Martin Athanase Coqueret en 1808.
Si ce procédé est propre à des pièces bon marché et largement diffusées, il a néanmoins abouti à des résultats admirables sur des objets en tôle peinte jaune, rares et très coûteux.
Développée en trois sections, "Directoire et Empire", "Restauration" et "De Louis Philippe à Napoléon III", l’exposition montre la continuité entre ces périodes où la grandeur de la nation est célébrée sous des effigies différentes selon le régime.
Le message politique se décompose et se développe sur douze assiettes numérotées et diligemment légendées.
Sous le Consulat, cette sorte de bande dessinée "ante litteram" s’articule comme les pages d’un journal prônant une seule idée : la gloire d’un homme et de son pays, à travers la galerie de portraits de sa famille ou l’image des monuments de Paris. Sous l’apparence modeste de la faïence, l’aura de l’Empereur suffit à sa sacralisation. Le marli est simplement bordé de noir, de bleu ou de feuillages, comme le veut le néoclassicisme ambiant.
Pendant la Restauration, la reproduction de l’image de Napoléon est interdite et remplacée par les faits d’armes ; les marlis deviennent de plus en plus complexes.
Après cette parenthèse, la production de faïence fine connaît un véritable essor sous Louis-Philippe. Les manufactures de Creil, Montereau, Choisy-le-Roi et Giens produisent des milliers de pièces à des prix accessibles. Les marlis sont de plus en plus travaillés, et les gravures sont transformées et adaptées par les graveurs eux-mêmes pour être reproduites sur les assiettes. Les acheteurs et les collectionneurs se font légion. C’est ainsi que les séries consacrées à l’exil à Sainte-Hélène et au rapatriement des cendres de Napoléon Ier attestent de sa réhabilitation et préparent la consécration de Napoléon III.
Sous le second Empire, la production diminue, les services de douze sont mis au goût du jour. Les assiettes racontent désormais l’épopée du canal de Suez et du chemin de fer.
En raison du succès de "Carthage, l’histoire, sa trace et son écho" (lire le JdA n° 12, mars), la direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris organise une nocturne le mercredi jusqu’à 21h. Présentée au Petit Palais jusqu’au 2 juillet, l’exposition est fermée le lundi et ouverte les autres jours de 10h à 17h40.
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Napoléon : faïence et propagande, une bande dessinée "ante litteram"
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Abonnez-vous dès 1 €"Au service de l’épopée : des assiettes pour l’Empereur" au Musée du château de Malmaison, jusqu’au 2 octobre. Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 12h et de 13h30 à 17h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Napoléon : faïence et propagande, une bande dessinée "ante litteram"