Rares sont aujourd’hui les musées qui osent suivre l’œuvre d’un artiste sur plusieurs années. C’est pourtant ce que vient de réaliser Lyon en consacrant trois années de suite une exposition d’été à Robert Morris. En 1998, le visiteur avait découvert ou redécouvert une sélection de ses œuvres les plus marquantes des années 60 et 70. L’année dernière, un gigantesque labyrinthe permettait à Morris de placer des vidéos dans un parcours étrange, fait de détours. Ces œuvres étaient constituées de l’enregistrement vidéo de quelques-unes de ses performances les plus célèbres telles qu’Arizona (1963). Aujourd’hui, le dernier volet de cette sorte de rétrospective étalée dans le temps est centré sur une nouvelle pièce intitulée White Nights. Autant le labyrinthe de l’année dernière emprisonnait et fragmentait l’espace pour que le corps de chacun puisse mieux s’inscrire dans une contrainte physique, autant cette année, l’espace reste ouvert. Quelques voilages, une série de miroirs élargissant à l’infini les repères servent de cadre à White Nights. Au mur, deux séries d’images projetées s’entrecroisent. Près de 100 photographies issues des archives du Centre d’Histoire et de la Déportation montrent Lyon sous l’Occupation. D’autres images tout aussi surprenantes proviennent de Mirror Film, performance où Morris tourne éternellement en rond dans un paysage d’hiver tout en tenant un miroir dans les mains. De cette collision entre un espace dilaté et différents registres d’images surgit une interrogation grave et lucide sur la mémoire, la manière dont elle s’organise avec ses pertes, ses fantasmes, ses désirs, ses refoulements. La mémoire parle toujours d’un instant à venir, celui inéluctable de notre propre mort.
LYON, Musée d’Art contemporain, jusqu’au 17 septembre.
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Morris, 3e volet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°518 du 1 juillet 2000, avec le titre suivant : Morris, 3e volet