La ville canadienne accueille pour son Mois de la photo une trentaine d’expositions disséminées dans la cité.
MONTRÉAL - Montréal inaugure tous les deux ans et pour la neuvième session en 2005 son Mois de la Photo. La trentaine d’expositions tant individuelles que collectives est conduite cette année sous la direction artistique de Martha Langford. Responsable de 1984 à 1994 du Musée Canadien de la photographie à Ottawa, elle est aujourd’hui universitaire et commissaire indépendante. Si la manifestation s’est construite à son origine sur une préoccupation de l’image photographique prise dans la production artistique et la conscience collective contemporaines, elle tente cette année de s’articuler sur une réflexion d’inspiration savante qui cependant restreint et isole trop souvent le champ du photographique. Sous le titre « Image et Imagination », c’est le fonctionnement psychique de la photo, dans la saisie individuelle sur le mode de l’imaginaire, bien au-delà de la seule perception sensible, qui devrait donner le fil de la manifestation. Mais l’ouverture à des participations inégales mine le propos général. La bonne soixantaine d’artistes impliqués viennent d’horizons très différents : figures canadiennes et internationales reconnues, artistes plus discrets, plus jeunes ou connus des circuits propres à la photo. Notons tout d’abord la présence d’Alain Bublex, pris dans la boucle de l’imagination en effet quand il montre à Montréal le projet de « Glooscap » (depuis 1985), fiction urbaine qu’il a située au Canada. Sous le régime de l’imaginaire encore, les images de Shana et Robert ParkeHarrison (États-Unis) sont étranges, conjuguant une vision noire du monde contemporain et une mise en scène très maîtrisée, au rendu très XIXe, symboliste et littéraire.
La Galerie de l’UQAM présente douze pièces de Michael Snow (de 1955 à 2004) réunies sous le titre bien littéral de Windows (Fenêtres). Y figure une version raccourcie et marquante de la pièce filmique historique Wavelenght, devenue par découpage et superposition Wavelenght for Those Who Don’t Have the Time. Le Centre de l’image contemporaine Vox propose une rétrospective concentrée d’Iain Baxter, conceptuel canadien historique et toujours actif en voie de redécouverte. Parmi les artistes confirmés, citons encore un accrochage pâle de Tracey Moffatt (Australie), pourtant au Musée des beaux-arts, une belle double projection vidéo parmi d’autres pièces beaucoup moins convaincantes de Carolee Schneemann (New York-Montréal), exposée à Articule, ou les images récentes de Destiny Deacon (Australie) étrangement associées à celles d’Evergon (Canada), à la galerie de l’université Concordia. Parmi les Canadiens, Denis Farley (Montréal) produit des images sur un ton décalé et étrange de science-fiction télé, plutôt bienvenu. Également présenté à la maison de la culture de Côte-des-Neiges, le travail à quatre mains de John Armstrong (Toronto) et Paul Collins (Canadien de Paris) intitulé « Jim » (2002), série d’images parallèles faites en double aveugle à partir d’une liste de mots, est pertinent, dans la veine de cet usage joueur de la photo conceptuelle canadienne qui recourt souvent aussi à l’association image/légende. Catherine Bodmer (Montréal), présentée au centre Skol, s’en sert avec justesse, mais plus encore Diane Borsato (Toronto), à l’espace Occurrence, dont on reverra sûrement bientôt les expérimentations ironiques et autres actions éphémères mises en planches.
Jusqu’au 10 octobre, www.moisdelaphoto.com, 26 lieux et 29 expositions. Colloque les 22 et 23 septembre. Catalogue collectif aux éditions McGill-Queen’s University Press, 328 p., 32 euros environ.
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Montréal sage comme une image
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Abonnez-vous dès 1 €- Nombre d’expositions : 29 - Nombre de lieux : 26 - Nombre d’artistes : 60
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°221 du 23 septembre 2005, avec le titre suivant : Montréal sage comme une image