Paris-18e

Montmartre, club d’artistes

Musée de Montmartre Jusqu’au 25 septembre 2016

Par Camille Lechable · L'ŒIL

Le 17 août 2016 - 342 mots

PARIS

Voilà une exposition qui fait la promotion d’un lieu et d’une époque que la plupart des amateurs d’art voudraient revivre : la butte Montmartre à la fin du XIXe siècle.

Grâce à sa collection riche, le Musée de Montmartre recrée de manière judicieuse la diversité artistique qui agitait ce quartier réduit et sur un laps de temps restreint. Dès le début du parcours, les dessins et les planches de Steinlen illustrent le climat populaire qui règne à l’époque, des sombres représentations sociales aux affiches de cabaret comme le célèbre Chat noir ouvert en 1882.

Précurseur de l’avant-garde, ce naturaliste ouvre la voie aux artistes en quête de vie bohème et d’un
enseignement anti-académique. Bellery-Desfontaines, Ibels, Bonnard, Toulouse-Lautrec, Willette, Lefèvre, Delâtre ou encore Suzanne Valadon et son fils, Maurice Utrillo, ont évolué dans cette atmosphère révolutionnaire intense, de 1870 à 1910. Si chaque pièce est consacrée à un artiste, leur répartition n’est pas laissée au hasard. Chaque figure entre en dialogue avec la suivante pour former une cohérence artistique qui met en lumière leur volonté d’art total. Dans ce désir de brouiller les frontières, les styles se mélangent : symbolisme, japonisme, Art nouveau, néo-impressionnisme ou néoclassique s’emparent des différents supports, encouragés par les collaborations d’artistes autour des spectacles et cabarets. Les arts dialoguent, de la peinture à la musique, en passant par les arts décoratifs et la danse. Après un détour dans l’atelier de Suzanne Valadon, reconstitué avec des meubles d’époque, l’exposition montre l’influence de ces peintres sur les nouveaux artistes à venir sur la Butte : Dufy, Kupka, Max Jacob et Picasso. L’accrochage insiste sur la notion d’art total, avec un ensemble de photographies des danseuses du Moulin-Rouge, qui ont elles aussi participé à la révolution de l’art, qui tend désormais vers le populaire. L’exposition s’achève sur l’œuvre du compositeur Erik Satie, animé par la volonté de « traduire l’image peinte ». Sa musique nous accompagne tout au long de cette promenade dans le Montmartre de la fin de siècle immortalisé dans le Panorama de la Butte par Kupka en 1897. Une merveilleuse exposition à l’abri du temps.

Artistes à Montmartre. De Steinlen à Satie : 1870-1910

Musée de Montmartre, 12-14, rue Cortot, Paris-18e, www.museedemontmartre.fr

Légende Photo :
Eugène Delâtre, Le divan japonais, 1899, eau-forte et aquatinte sur papier, 28,3 x 38,5 cm, Musée de Montmartre, Paris. © Photo : Stéphane Pons.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : Montmartre, club d’artistes

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