Art Moderne - Ça ne rate jamais. À chaque fois qu’un historien s’empare d’une époque – une décennie, un siècle –, celle-ci devient une période charnière.
Ici, ce sont les années 1920 qui, selon la commissaire d’exposition Agnieszka Lulinska, se transforment en un « kaléidoscope du modernisme », modifiant profondément tous les domaines de l’existence. À partir de ce constat – un peu passe-partout –, on a droit à un vaste panorama qui cherche à produire une expérience sensorielle globale en associant plusieurs disciplines ou médias, sonores ou visuels. La scénographie est une structure rayonnante dont les diverses sections (« Machine », « Ville », « Utopie », « Nouvelle image de la femme », « Sport », « Nouveaux rythmes ») communiquent entre elles. Foisonnante, à l’image de l’œuvre d’art totale, l’exposition présente des artistes célèbres – magnifique Joueurs de rugby (1929), de Max Beckmann – ou, moins connus – la série de portraits réalisés par l’artiste polonais, génial et délirant, Ignacy Witkiewicz. Bref, l’ensemble est séduisant et permet de découvrir des artistes originaires d’Europe centrale ou orientale. Pour autant, l’hypothèse de la modernité reste discutable. Sans doute peut-on admettre que l’environnement pendant les années 1920 a changé radicalement – voir les revendications des femmes, qui aspirent à l’autonomie. Dans le champ artistique, la situation est nettement plus indécise car, sans parler de retour à l’ordre (ce qui n’est pas le cas de la Nouvelle Objectivité), on est bien loin de l’effervescence des premières avant-gardes. Certes, le surréalisme fait son apparition en France mais, curieusement, il est pratiquement absent à Bonn. Il en va de même de la présence réduite de l’abstraction – la quasi-totalité des travaux présentés sont figuratifs. En réalité, l’écueil de l’exposition est d’utiliser les œuvres comme des « preuves », face à des affirmations d’ordre historique ou sociologique. Il suffit de lire les panneaux pédagogiques pour constater que peu d’attention est accordée au langage formel, autrement dit au style. Aussi belles que soient les œuvres ici, elles sont parfois réduites à un statut d’illustrations.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Modernes, les années 1920 ?
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°765 du 1 juin 2023, avec le titre suivant : Modernes, les années 1920 ?