Mode et folklore, un siècle d’histoire commune

Co-commissaire de l’exposition, Marie-Charlotte Calafat souligne que l’intérêt des historiens pour ces costumes s’est manifesté au XXe siècle, « en parallèle du désintérêt progressif de la société et l’émergence d’un folklore régional destiné aux touristes ». Entre mode globalisée et costumes régionaux, l’exposition commence par rappeler la fascination du Paris des années 1930 pour l’exotisme. Manteaux et coiffes russes inspirent les collections de Paul Poiret et Jeanne Lanvin après l’exil des Russes blancs en 1918. L’exposition compte plusieurs pièces remarquables, dont des robes de mariée d’Albanie, des robes Alexander McQueen (Givenchy), des créations Yves Saint Laurent et d’épais manteaux de bergers hongrois. Marie-Charlotte Calafat pointe aussi que le costume se fait souvent politique, à l’instar de la vyshyvanka, la chemise brodée traditionnelle d’Ukraine : tous les officiels ukrainiens l’arborent depuis février 2022, remarque-t-elle, il y a des créations contemporaines sur ce thème, comme dans les pays baltes. L’exposition met également en lumière les débats politiques sur l’origine de certains costumes (la jupe grecque fustanelleou la blouse roumaine par exemple). S’il arrive que des créateurs de mode laissent des notes sur leurs sources d’inspiration, ce n’est pas systématique, précise la commissaire : il faut alors chercher les affinités esthétiques derrière les broderies ou les silhouettes contemporaines. Tout se joue finalement dans les réinterprétations créatives.