Portraits mondains, portraits de cour, portraits de famille, portraits officiels, portraits intimistes, autoportraits…
Peintes, sculptées ou dessinées, quelque soixante-dix trognes de princes, de bourgeois, de marchands, de prélats, d’ambassadeurs, et même d’artistes se sont donné rendez-vous à la National Gallery de Londres pour composer l’une des plus fascinantes comédies humaines en réduction. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : s’exhiber dans ses plus beaux atours pour la postérité. Clamer haut et fort son rang, sa richesse, sa beauté, ou quand la vieillesse altère inexorablement les traits, sa noblesse, sa respectabilité… Et pour cet ambitieux dessein, quoi de plus logique que de s’attacher les services d’un artiste renommé ! L’un de ces Memling, Titien ou Holbein dont le pinceau habile saisit la moindre mèche de cheveu, traque aussi la moindre ride…
Aux xve et xvie siècles, d’Amsterdam à Florence en passant par Londres et Bruges, l’art du portrait se propage comme une fièvre contagieuse, plaçant l’individu au cœur de la toile comme de la société. Nul épisode de son existence ne semble ignoré. On le surprend ainsi à peine sorti du berceau, dans les bras de son aïeul (comme sur le fascinant portrait de Domenico Ghirlandaio conservé au Louvre), beau jeune homme dans la fleur de l’âge (ah, les gracieux éphèbes de Botticelli), mais aussi en costume de mariage ou d’apparat, en habit de prince (tel le majestueux Philippe II de Titien) de musicien, ou même de bouffon !
Aux antipodes des stigmates de la vieillesse, la beauté idéale, qui se veut aussi celle de la vertu, épouse parfois les traits d’une sensuelle et frémissante créature, comme chez Palma Vecchio. Loin, bien loin de la sévérité glaciale de Margareta (Marguerite), la respectable épouse de Jan van Eyck.
On l’aura compris, le portrait, à la Renaissance, est bel et bien le miroir de l’âme. Un miroir souvent cruel qui, derrière le col de dentelle et le pourpoint de velours, trahit aussi la bassesse et la turpitude…
« Portraits de la Renaissance : de Van Eyck à Titien », National Gallery, Trafalgar Square, Londres (Grande-Bretagne), www.nationalgallery.org.uk, jusqu’au 18 janvier 2009.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
« Miroir, mon beau miroir... »
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°607 du 1 novembre 2008, avec le titre suivant : « Miroir, mon beau miroir... »