On se sent tout petit devant les énormes « vaisseaux » de Mario Milizia, jeune artiste italien et poulain de l’architecte superstar Ettore Sottsass. Ses structures fermées et suspendues dans un air limpide dégagent une étrange impression d’aliénation. La construction est régulière et stricte, déshumanisée surtout. Cette chose n’est sûrement pas de notre monde. Perdu ! Mario Milizia poursuit son incursion dans le monde léché et rigoureux de l’architecture moderniste à travers ses assemblages déstabilisants d’immeubles de style international qu’il a photographiés à New York, à Chicago ou à Toronto. Difficile de les identifier, car la recomposition symétrique, en révélant le langage architectural des formes et des matériaux, brouille avec subtilité les pistes et les perspectives de ces bâtiments tout à coup hostiles. Toujours aussi malicieux, Milizia propose dans cette exposition une nouvelle série autour des styles communément admis aujourd’hui dans les domaines de la déco, des arts ou de la musique. Sur fond de moquettes colorées et bouclées, de pelouse synthétique, de contreplaqué ou de marbre, Milizia propose donc de nouveaux styles aux noms évocateurs : Minimal Louis XIV, New Age Cubism, Hollywood Fauvism... Tout un programme, pour le meilleur et pour le pire ! Ces appellations audacieuses et drôles laissent tour à tour songeur ou rêveur. C’est sûr, le style international prend un sérieux coup de jeune mais en prend aussi pour son grade avec cette série photographique. Agrémentée d’une compilation musicale dont l’artiste a le secret (il avait déjà arrangé une musique adaptée à toutes les expositions d’art à l’image des fonds sonores de supermarchés), l’immersion dans l’univers de Milizia risque de rendre le spectateur méfiant à l’égard des styles.
PARIS, galerie Jousse entreprise, jusqu’au 21 avril.
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Milizia attacks !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°524 du 1 mars 2001, avec le titre suivant : Milizia attacks !